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Soyons clair, un objectif de 50mm à 7400 euros, est-ce bien raisonnable ?

Qui a vraiment besoin d’une optique de ce prix qui pour un certain nombre de personnes n’est qu’un vulgaire 50mm qui ouvre à f2 ? La question se pose très justement.

Et bien, en toute logique, personne car il existe chez Leica ou pour les autres marques compatibles d’excellents 50mm qui feraient très bien le travail.

Dois-je garder mon Summilux 50, le Noctilux n’est il pas plus adapté à celui qui recherche le 50mm d’exception, autant de questions posées auxquelles je vais essayer d’apporter des réponses.

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Précision importante : Je n’ai pas la prétention de détenir la vérité, je vais simplement donner ma vision des choses qui vaut ce qu’elle vaut, à savoir le regard d’un passionné de photos autour de sa pratique et non d’un moralisateur. Je ne cherche à convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit, merci de bien considérer cela avant de juger cet article qui n’a pour vocation que de faire partager ma modeste réflexion. Vous avez parfaitement le droit de ne pas être d’accord avec moi ou de ne pas apprécier ma démarche mais alors soyons en désaccord dans le respect et la tolérance.

Pour ma part, j’ai considéré presque naturellement cet objectif car le 50mm est ma focale de prédilection. Il est clair qu’à ce prix, pas question pour moi de dépenser autant d’argent pour un objectif que je considèrerais comme secondaire. Ma pratique à ce jour m’a conduit à acheter un 24mm, un 35mm et un 90mm, des objectifs que j’utilise ponctuellement par rapport au 50mm qui est véritablement la focale que j’affectionne le plus.

Possesseur d’un Summilux 50mm (f1,4 d’ouverture pour les non initiés) qui est un excellent objectif que je considère d’ailleurs comme le meilleur rapport qualité/prix chez Leica, j’ai vu arriver le Summicron 50 Apo Asphérique un peu comme un OVNI dans l’univers des objectifs Leica. Comment Leica pouvait il mettre sur le marché un objectif aux caractéristiques presque communes à un prix stratosphérique ?

A ce jour et pour précision, voici le détail de l’offre Leica système M en ce qui concerne les 50mm (dans l’ordre respectif des prix de vente) :

–        Summarit-M 50mm f/2,5

–        Summicron-M 50mm f/2.0 (Version 5)

–        Summilux-M 50mm f/1.4 Asphérique

–        Summicron-M 50mm f/2.0 Apo Asphérique

–        Noctilux-M 50mm f/0.95 Asphérique

Je connaissais la gamme Summicron, ce dernier dans sa version actuelle (version V non asphérique) ayant été mon premier 50mm chez Leica. Un modèle de 1996 en excellent état que j’ai utilisé sur un M9 avec beaucoup de bonheur. Le Summicron offre une image droite avec un bokeh tendu du plus bel effet, la netteté est très bonne sur les capteurs CCD notamment. Dans certains cas, l’effet 3D propre aux optiques Leica est bien présent même si il est moins marqué que sur le Summilux ou bien évidemment le Noctilux. Pour qui cherche un excellent objectif 50mm à coût plus réduit, le mésestimé Summarit 50mm est un très bon choix même si il souffre de la concurrence d’un Summicron que l’on trouve facilement sur le marché de l’occasion.

Revendu pour acquérir le Summilux, j’ai découvert avec bonheur avec ce dernier une optique que je qualifierais de plus artistique que le Summicron version V. Pour être honnête, j’étais très satisfait de ce Summilux qui est un fantastique objectif. Sa grande ouverture (f1.4) permet son utilisation en faible lumière avec le M9 par exemple et son bokeh, plus crémeux que le Summicron, est souvent très beau. La seule restriction que je formulerais à l’encontre de cet objectif serait peut-être justement en rapport avec ce bokeh qui parfois au post traitement provoque une zone de dédoublement sur les lignes de séparation des plans. J’avoue ne pas avoir trouvé de solution efficace pour le prémunir de ce phénomène. Concernant le poids et l’encombrement, le Summilux est 100 grammes plus lourd que le Summicron (335g pour 240g), son diamètre est de 46mm au lieu des 39mm du Summicron. Rien de rédhibitoire donc sur ce point.

Très convaincu par ce Summilux 50mm, j’ai fait de très nombreuses photos avec cet objectif qui est une très grande réussite chez Leica. Pour les utilisateurs de la marque, j’ai remarqué que pour ceux qui apprécient vraiment la focale de 50mm, il y ceux qui ont un Summilux et ceux qui aimerait l’acquérir. Lorsque je parlais de meilleur rapport qualité/prix chez Leica, je me positionnais par rapport au prix du neuf, à savoir 3300 euros environ. Si je me place maintenant au niveau du prix de l’occasion, inutile de dire que le rapport est encore plus favorable. Facilement trouvable dans une fourchette de prix de 2200 à 2500 euros suivant l’état et la présentation, le prix d’occasion rend cet objectif comme incontournable pour qui cherche un 50mm d’excellence. Pour information, j’ai vendu le mien 2300 euros, celui-ci datait de 2006, était en parfait état cosmétique et de fonctionnement. Il était livré en boite avec tous ses papiers et accessoires d’origine. Son acheteur fort sympathique m’a contacté quelques jours plus tard pour me faire part de sa satisfaction d’avoir acquis cet objectif, ce qui m’a bien évidemment fait très plaisir. Il était important pour moi de céder cet objet de passion à une personne qui l’apprécierait au même point que moi.

Alors, me direz-vous, pourquoi remettre en cause le choix d’un objectif que je trouve aussi appréciable. Et bien, en fait, il s’agit de la conjugaison d’une véritable curiosité qui m’anime lorsqu’il s’agit de tester un matériel Leica mais aussi de comprendre ce que pouvait bien receler cette pièce optique que la marque Allemande facture plus de 6000 euros.

Une première tentative de mes amis du Leica Store fut tentée il y a quelques mois pour me prêter l’objectif. Je me disais plus haut curieux mais à ce moment, je suis resté prudent en refusant poliment la proposition car je ne voulais pas tester ce Summicron 50 sans disposer des fonds pour acquérir l’objectif au cas où le charme opérait. Comme quoi il est des fois ou malgré la passion et la curiosité,  la raison fait son œuvre et nous rend intelligent…

J’ai donc passé plusieurs mois à écouter d’une oreille distraite les observations des uns et des autres sur cet objectif. Malgré tout, la constatation que je fais après coup est que les gens qui en parlaient sans l’avoir étaient circonspects quant à son prix qui était perçu comme prohibitif. Par contre, et c’est ce qui m’a intrigué, ceux qui avaient fait le pas de l’acquérir ne mettaient jamais en avant le tarif élevé de l’objectif mais ces qualités intrinsèques qui faisaient à leurs yeux de ce Summicron le 50mm ultime (sic).

Puis, disposant des euros permettant d’acheter l’objectif, je décidais cette fois de me le faire prêter quelques heures pour un test grandeur nature en profitant du sympathique concours d’un modèle que j’apprécie beaucoup, à savoir la pétillante Célia. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que nous avons arpenté les rues de Lille pour une séance de portraits et quelques photos de rues qui restent mes domaines de prédilection. En réalité, c’est le seul test qui fait référence à mes yeux, au delà des mires ou des avis d’untel ou d’untel. Je dirais même que j’évite soigneusement l’un et l’autre et ne me fais mon idée qu’avec un véritable test en images. Cela évite les influences qui peuvent facilement dénaturer notre jugement devenu soudainement versatile.

A l’utilisation, rien de révolutionnaire avec ce Summicron APO, il reste très compact, léger et très agréable à manipuler. Avantage indéniable sur le Summilux mais aussi sur le Noctilux, il est parfaitement équilibré sur le M240 et la tenue en main de l’ensemble est à mon sens parfait. Le pare soleil intégré, la gâchette propre aux objectifs Leica, la bague de mise au point onctueuse et la bague de diaphragme crantée parfaitement sont autant d’éléments qui font apprécier d’emblée ce magnifique objet. Ce qui m’a marqué notamment, c’est la facilité déconcertante avec laquelle les mises au point se font avec cet objectif. Il permet d’être très rapide et précis à la fois.

Pour compléter ce test, j’ai tout de même voulu réaliser des tests des mêmes images avec le Summicron Apo et le Summilux. Ces images n’ont de valeur que pour la comparaison entre les deux objectifs, sans aucune valeur artistique.  

La phase de prises de vue terminée, j’étais pour le moins impatient de visualiser les résultats sur l’écran de l’ordinateur. En effet, je suis devenu très méfiant par rapport aux écrans des appareils photos. Celui du M240 est bon mais sans plus, il fait trois pouces effectivement. Il est cependant infiniment meilleur que celui des M9, M9-P et M Monochrome qui à mon sens étaient indignes de boitiers de cette gamme. Malgré tout, sur les écrans des appareils numériques où mes images sont réduites, la tendance est sans conteste à magnifier les images réalisées. J’ai pris d’ailleurs pour habitude de ne plus utiliser ces écrans que pour valider la bonne exposition des images enregistrées. Impossible aussi autrement qu’avec la loupe de pourvoir s’affranchir de la netteté ou non des images sur ces petits moniteurs.

C’est donc sur mon écran 27 pouces que j’ai réalisé la post-production des images. Et là, je dois dire que j’ai eu comme un choc. Tout d’abord, ce qui frappe, c’est la véritable uniformité de résultats sur l’ensemble du champ, ce dès la pleine ouverture. Cet objectif est incroyable d’homogénéité. Dès 2.0, le Summicron 50mm Apo offre une netteté égale sur toute la surface de l’image.

Le Summilux 50mm à f/2,0

Le Summilux 50mm à f/2,0

Le Summicron 50mm à f/2,0

Le Summicron 50mm à f/2,0

Cliquez sur les images pour en apprécier la différence.

C’est toute la force de cet objectif et tout de suite les férus de portraits saisiront l’importance de cette dernière information. Cette homogénéité permet bien évidemment de décentrer le sujet à loisir sans se préoccuper le moins du monde d’un affaiblissement des performances quel qu’il soit . Mais attention, rien de chirurgical dans tout cela car sur ce plan aussi, Leica a placé la barre très haut. Je précise d’emblée que je n’apprécie que modérément les objectifs tranchants à l’extrême, y compris ceux faisant partie de la gamme Leica. Pour les avoir testé, je n’ai par exemple pas retenu les 35 mm Summicron et Summilux actuels, leur préférant des versions plus anciennes car plus douces et plus modelées. Mon 35mm, par exemple, est une version IV de 1986 surnommée King of Bokeh sans que ce soit ce critère des arrières plans qui m’a conduit à ce choix. C’est son rendu et son modelé unique qui a fait que je l’ai préféré aux versions contemporaines qui sont à mon goût trop « nerveuses ». Pour information, si j’avais dû faire un choix sur un 35mm neuf, c’est probablement le Summarit 35mm qui aurait retenu mon attention. Nous sommes bien évidemment là dans le subjectif pur mais cette explication est nécessaire pour que je puisse décrire ce que ce Summicron 50mm m’inspire.

Si je devais décrire le Summicron 50mm Apo, je dirais qu’il est le mélange habile des Summicron et des Summilux tout en étant parfait sur le plan des performances à toutes les ouvertures. En réalité, il a le côté nerveux des Summicron avec la remarquable subtilité des Summilux. Je mets d’ailleurs volontairement les noms de gamme des objectifs au pluriel car chacune des dites gammes garde une certaine cohérence et identité dans les caractéristiques à la fois sur le plan technique mais aussi sur le plan des rendus. La sensation est que l’exercice a consisté, pour ce Summicron, à réaliser une ingénieuse symbiose des deux gammes pour un objectif voulu parfait.      

Leica a véritablement su marier les qualités réelles des objectifs des deux gammes, ce qui n’est pas un mince exploit au regard des caractéristiques et de la très haute tenue de chacune d’elles depuis plusieurs décennies. L’image est précise, nette avec un modelé fantastique. Un enveloppé supérieur à mon sens que celui offert par le Summilux. Et en même temps, la douceur du rendu est exceptionnelle. Pour avoir testé nombre d’objectifs 50mm dans toutes les marques, je peux affirmer aujourd’hui n’avoir jamais vu une image de ce niveau en 24×36.

Ensuite, ce qui m’a frappé, c’est la grande luminosité des images associée à un effet 3D bien présent et qui fait la force des optiques Leica (bien évidemment moins marqué que celui d’un Noctilux). Le travail fait sur les verres et la formule optique semble avoir permis de capter la lumière de manière unique. Le mot qui me vient à l’esprit est transparence. Là encore, c’est très subjectif mais je vais essayer de vous faire partager mon impression. Ce qui rend cet objectif unique à mes yeux, c’est effectivement le caractère de transparence que dégagent les images réalisées avec ce Summicron, comme si les verres avaient été enlevés. Comme si la lumière transperçait le sujet pour permettre à l’appareil de capter la quintessence de la scène photographiée. Sur ce point, le Summilux est battu nettement à mon sens. Cette notion de transparence n’a peut-être pas cours dans le langage photographique mais il me semble le plus adéquat pour signifier ce que je ressens à la lecture des images produites avec l’objectif.

Certains se sont aventurés avant moi à décrire l’image de ce 50mm Apo comme très proche de celles issues de matériels moyen-formats. Sans aller sur ce terrain glissant en établissant une comparaison difficile à établir, il est vrai que toutes les qualités décrites précédemment amènent inévitablement à penser que ce Summicron 50 mm est à part. Et bien c’est exactement cela, il est véritablement unique car il n’est pas à proprement dit de la race des Summicron pas plus qu’il n’est comparable strictement à un Summilux.

Tout ceci étant dit, ceux qui s’intéressent aux 50mm chez Leica et qui s’interrogeraient sur la pertinence d’acheter ou non cet objectif ne peuvent évidemment prendre une décision à la lecture seule de ces quelques lignes. Acheter ou non ce Summicron, s’orienter vers le Noctilux, garder mon Summilux 50mm actuel, choisir un Summilux pour remplacer mon Summicron ?

Autant de questions et bien d’autres encore auxquelles il est bien difficile de répondre mais pour lesquelles je vais me permettre de formuler un avis.  

Je vais donc me prêter au petit jeu des questions réponses autour de quelques questions existentielles et qui permettront peut être à certains de se faire une idée :

• J’ai un Summilux 50mm, dois je m’intéresser à ce Summicron Apo ?

Comme évoqué plus haut, le Summilux est un excellent objectif. Au-delà de son prix plus serré, il permettra à son détenteur de faire de très belles images. Simplement le Summicron est plus homogène sur tout le champ, plus transparent avec une douceur plus naturelle. S’il est moins ouvert, le Summicron est plus subtil au final. Il est plus raffiné avec ce je ne sais quoi de plus qui le rend véritablement exceptionnel.

Le Summilux est l’objectif de l’excellence, le Summicron Apo est plus raffiné encore avec ce je ne sais quoi de plus qui le rend véritablement exceptionnel.

Le Summilux 50mm à f/4,0

Le Summilux 50mm à f/4,0

Le Summicron 50mm à f/2,0

Le Summicron 50mm à f/2,0

La supériorité du Summicron est visible sur ces deux images. L’image du Summicron 50mm est faite à pleine ouverture alors que celle du Summilux est faite à f/4.0.

• J’ai un Summilux 50mm, je vais perdre les ouvertures 1.4 et 1.8, est ce rédhibitoire ?

En réalité en termes de bokeh, la différence n’est pas aussi nette que cela. Le bokeh de ce Summicron est très beau, à la fois tendu et crémeux à souhait. J’étais moi-même très soucieux sur ce point car j’appréciais vraiment ces grandes ouvertures sur le Summilux. Et puis, test fait, je me suis aperçu que cela ne prêtais pas à conséquence autant que cela pour celui qui est équipé d’un M240, ce qui est mon cas. Même chose pour celui qui possède un M Monochrome car la bonne montée en haute sensibilité de ces boitiers ne nécessite pas vraiment des objectifs à très grandes ouvertures.

Le bokeh des Summilux et Summicron 50mm.

Le Summicron 50mm à f/2,0

Le Summicron 50mm à f/2,0

Le Summilux 50mm à f/1,4

Le Summilux 50mm à f/1,4

La différence des bokeh n’est pas déterminante à mon sens pour les deux objectifs utilisés à pleine ouverture.

Par contre, pour ceux qui possèdent un M9 ou M9-P, la question de ces diaphragmes perdus se posera plus clairement car la limitation de ces boitiers en haut iso peut effectivement rendre ces ouvertures indispensables pour qui veut faire des images en milieu sombre.

Simplement, à 2.0 d’ouverture, il faut savoir que le Summicron est supérieur qualitativement au Summilux, sans aucune contestation possible. L’homogénéité sur l’ensemble du champ du Summicron fait merveille là où le Summilux baisse clairement sur les tiers et sur les bords de l’image.  

• Entre le Summicron Apo et le Noctilux, que dois-je choisir ?

Cette question est difficile car à moins d’avoir le budget pour acquérir les deux, il est compliqué de comparer ces deux objectifs. La vocation du Summicron n’est pas de s’opposer au Noctilux qui reste un objectif d’exception. D’exception de par son ouverture extrême, d’exception aussi au regard de son prix, de son poids et de son encombrement. Il me semble que ces deux magnifiques objectifs sont plutôt complémentaires. Ceci dit, si comme pour moi, votre porte monnaie ne vous permet pas d’acheter les deux, quel serait le choix le plus pertinent ?

Et bien, si vous être à la recherche de l’effet 3D maximum avec des images plus spectaculaires, c’est le Noctilux qui sera le plus adapté en ce cas. Son prix de 9300 euros sera bien évidemment à prendre en considération. Au-delà de cela, il faut intégrer qu’il est nettement plus lourd et plus encombrant, ceci le limitera pour certaines pratiques de reportage ou de photos de rues.

Si le Summicron est moins spectaculaire, il est par contre beaucoup plus homogène à toutes les ouvertures avec une qualité d’image plus marquée. Je ne referais pas l’article sur la compacité et la facilité de prise en main, elle est évidente et réelle par rapport au Noctilux.

• Quel usage pour ce Summicron 50mm ?

Le propre d’un 50mm est d’être un objectif à tout faire. Comme le 35mm, il permet de faire du paysage, de la photo de rue, des portraits… Pour cela et de par sa grande compacité, ce Summicron est le compagnon idéal du Leica M pour celui qui pratique ces disciplines. Le plus de ce modèle est sa capacité à offrir un exceptionnel niveau de résultats égal à toutes les ouvertures et sur toute la surface de l’image. En clair, on ne souci plus de l’ouverture que pour obtenir la profondeur de champ souhaitée, la garantie de performance est totale et sans concession.

• Son achat est il raisonnable ?

Qui parle de raison ? Il s’agit là de passion. Pour celui qui refuse de mettre une telle somme dans un objectif aux caractéristiques sommes toutes relativement communes, bien évidemment non. Pour celui qui n’utilise le 50mm que de manière ponctuelle, il est évident, à moins d’être plutôt à l’aise financièrement, que la dépense est inconsidérée.

Maintenant, si vous êtes dans mon cas et que le 50mm est véritablement votre focale de prédilection et que vous disposez de la somme, je pense qu’un test en images pourra vous faire découvrir un objectif exceptionnel. Celui qui vous permettra d’obtenir des images impeccables et hautement qualitatives quelles que soient les ouvertures choisies.

• Ce Summicron 50mm Apo Asphérique vaut il plus de 7000 euros ?

Cette question de savoir si cet objectif vaut son prix de plus de 7000 euros est fondamentale pour qui en envisage l’achat. Je répondrais que tout est relatif. Ce qu’il faut intégrer, c’est que pour arriver à ce niveau de performances, Leica à dû mettre en œuvre des techniques de production jusque là inconnues. Pour avoir échangé avec le responsable de production des objectifs à Wetzlar dans l’usine Leica, il nous a expliqué les difficultés de production rencontrées.

Ce Summicron est constitué de trois groupes de lentilles qui doivent être assemblées avec une précision de 0,00001mm. C’est cet assemblage qui est le plus difficile à réaliser et qui a provoqué les nombreuses difficultés de livraison de l’objectif pour ceux qui l’avaient commandé. Visiblement, le taux de déchets à la fabrication fut important.

• J’ai entendu parler de problèmes sur cet objectif, qu’en est-il ?

Effectivement, Leica, au regard des exigences de précision que nécessitent la fabrication de cet objectif, a rencontré des problèmes qui ont provoqué le rappel des premières pièces produites.

Ces problèmes concernaient des phénomènes de flare qui ont nécessité un retour dans les usines Leica pour correction. Leica a dû effectuer un rappel de tous les premiers modèles vendus. Depuis deux ou trois mois, les modèles produits ne sont plus affectés par ces problèmes et ne justifient plus d’un retour en usine. Le responsable de production des objectifs de l’usine Leica nous a informés, lors de notre visite, que ces difficultés de production du Summicron Apo avaient fait l’objet d’un travail tout particulier et que des solutions avaient été trouvées pour que ces problèmes de fabrication ne soient plus qu’un mauvais souvenir.

Comme toujours dans ce genre de cas, certains verront là un manque de sérieux dans la fabrication initiale, d’autres interpréteront cela comme une volonté pour Leica de ne rien laisser au hasard et d’offrir aux acheteurs un service optimal. Je penche pour ma part pour la seconde solution car pour avoir vu des images de ce fameux flare gênant, il s’agissait vraiment d’un problème mineur et plutôt rare (d’ailleurs très peu constaté par les premiers possesseurs).    

Que donne cet objectif avec d’autres appareil que le Leica M ?

Voici deux images faites avec le Ricoh GXR et le module A12 en Monture M. Ceci juste pour se faire une idée de ce que l’on peut obtenir avec un boitier tiers. Juste pour information.

Le Summicron 50mm à f/2,0 sur Ricoh GXR

Le Summicron 50mm à f/2,0 sur Ricoh GXR

Le Summicron 50mm à f/2,0 sur Ricoh GXR

Le Summicron 50mm à f/2,0 sur Ricoh GXR

Sur le Ricoh, le 50 Summicron Apo conserve les mêmes qualités bien évidemment même si il ne donne pas son plein potentiel de par le capteur moins performant.

 

En définitive, j’ai tenu à écrire ces quelques lignes pour à la fois faire partager mes impressions sur cet objectif d’exception mais aussi tenter d’expliquer ce qui pouvait motiver l’achat d’une telle optique.

Alors oui, ce Summicron est cher, très cher… Mais vous l’aurez compris, je trouve cet objectif exceptionnel. Exceptionnel car il cumule toutes les qualités que l’on peut chercher pour un objectif de reportage dans le système Leica.

Je rappellerai à toutes fins utiles ces qualités ; compacité (E39), qualité de fabrication de très haut niveau, performances exceptionnelles quelle que soit l’ouverture choisie, très grande maniabilité et facilité de mise en œuvre, qualité d’image sans concession…

Je dirais donc que le chemin parcouru en passant du Summicron version 5 au Summilux puis au Summicron Apo est somme toute logique pour qui aime profondément la focale de 50mm. Le choix du Summicron Apo est forcément difficile car son prix peut être effrayant. Le Summilux est clairement le fer de lance de la gamme chez Leica car son rapport prix/performances/fabrication en fait le meilleur compromis de tous les 50mm, plus encore en occasion comme évoqué précédemment.

Maintenant, pour celui qui recherche le meilleur des meilleurs 50mm sans considération de prix, le Summicron Apo est sans conteste le bon choix. Moins spectaculaire qu’un Noctilux, nettement plus cher qu’un Summilux et plus encore qu’un Summicron, il est un peu une synthèse de ce qui ce fait de mieux pour cette forale standard. Je ne le qualifierais pas, comme certains on pu le faire, d’objectif ultime mais si le but des ingénieurs de Leica était de viser la perfection, je serai tenté de dire malicieusement qu’ils ont atteint leur objectif…  

Ci-dessous une galerie d’images réalisées avec le M240 & 50mm Summicron Apo Asphérique, cliquez sur la première image pour visualiser la galerie…