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Le Leica M10 avait ouvert la voie. Il s’agissait, pour la marque Allemande, de faire de son produit phare, le Leica M, un boitier plus léger, plus compact que la série des M240. Ce fut réalisé intelligemment avec le M10 qui se rapprochait clairement du M6 sur ces deux critères.

Alors, qu’a bien pu imaginer Leica pour faire évoluer un boitier comme le M10, qui se rapprochait clairement de son glorieux ainé, autrement que par son format. Cinq ans plus tard, presque jour pour jour , la marque à la pastille rouge nous dévoile sa version 11 du Leica M, reste à savoir si cette dernière mouture est à la hauteur des espérances de aficionados de la marque.

Présentation :

Légèrement relooké, Le Leica M11 n’est pas en soi une révolution cosmétique et il faudra être très attentif pour déceler les quelques menues différences existantes entre les deux versions. Le message est clair, le M11 reste un Leica M avec son look iconique et intemporel. Seule véritable nouveauté que d’aucuns verront comme une révolution, l’abandon de la légendaire semelle, une réelle première pour cette 12ème génération du boitier légendaire de la marque Allemande. L’objectif visé par Leica est triple ; plus de manipulations parfois complexes pour accéder à la batterie et au logement de la carte SD, un gain de temps pour changer l’alimentation du M11 et une étanchéïté mieux assurée.

A noter aussi une légère cure d’amaigrissement car le Leica M11 est 20% plus léger que son prédécesseur pour la version noire (capot supérieur en aluminium), une peinture noire de finition plus résistante aux rayures et un capot en laiton pour la version chromée argentée (utilisée dans ce test). On remarquera aussi que la version chromée sera légèrement plus lourde que la version noire, accusant quelques 110 grammes supplémentaires sur la balance.

Les quelques retouches de design vont concerner aussi le capot supérieur qui se voit affiné ainsi qu’une intégration plus profilée de l’écran et des touches se situants sur la face arrière du boitier. L’écran a été amélioré lui aussi avec une nouvelle interface graphique héritée des SL2 et Q2. L’ergonomie s’en trouve simplifiée et la standardisation de cette interface permettra aux utilisateurs de plusieurs boitiers de la marque (SL, Q…) de s’y retrouver immédiatement. On appréciera aussi l’apparition d’une nouvelle touche de fonction (FN) sur la face supérieure du capot, désormais au nombre de deux en comptant celle sur la face arrière. Il est même possible de paramétrer une fonction supplémentaire sur la molette de défilement.

Sur le plan cosmétique, ce sont les seules véritables différences que l’on constatera, le Leica M11 est bien un Leica M et cette nouvelle version ne peut clairement renier ses origines. A contrario, d’un point de vue interne, tout a été repensé pour conférer au nouveau venu une pléiade de nouveautés.

Voici donc les améliorations internes notables de ce Leica M11:

  • Un tout nouveau capteur proposant nativement 3 définitions différentes (60, 36 et 18 MPix).
  • Utilisation associée au capteur du processeur Maestro III.
  • Une mémoire interne de 64 Go.
  • L’exposition multizones intelligente (matricielle).
  • Obturateur électronique jusqu’au 1/16 000s.
  • La stabilisation numérique du zoom pour le Live-View.
  • Arrivée d’une nouvelle Visoflex de 3,68 MPix.
  • Zoom numérique avec deux recadrages disponibles (1,3x et 1,8x).
  • Une autonomie clairement en net progrès (annoncée à 64% plus élevée que le M10R).
  • Le transfert de données et la recharge par USB-C.
  • La connectivité désormais certifiée Apple.

Il apparaît donc clairement que Leica ait voulu associer pour le Leica M11 à la fois la tradition historique héritée de ses illustres prédécesseurs tout en apportant la touche de modernité nécessaire à une utilisation facilitée ainsi qu’à une connectivité renforcée tellement prépondérante de nos jours.

Prise en main :

Le premier contact avec le Leica M11 reste une formalité bien connue. Pas de surprise donc, il s’agit bien d’un Leica M. Rien de plus facile que de se repérer sur un M. Les touches et commandes sont bien placées et ce n’est que lorsque l’on manipule la batterie que l’on éprouve la sensation d’un changement notable. La semelle, comme évoqué plus haut, a disparu au profit d’une unité plus grosse avec le système rapide hérité des Leica SL et Q. Au delà de l’aspect historique de la semelle dont certains ne manqueront pas de regretter l’absence, cela permet une manipulation plus aisée, notamment sur le terrain, mais aussi d’intégrer un modèle plus volumineux qui augmente notablement le nombre de prises de vue entre chaque recharge.

Leica annonce fièrement une autonomie de 1700 vues possibles avec cette nouvelle batterie. Bien évidemment, les perspectives avancées par les constructeurs sont toujours optimistes et ce chiffre ne pourra, à mon sens, être atteint que par une économie drastique des dépenses d’énergie (pas de live-view, écran arrière désactivé…). Malgré tout et même en ramenant cette perspective à un niveau plus réaliste, il semble vraisemblable que la barre des 1000 vues pourra sans doute être validée sans trop d’efforts pour une utilisation standard. Lors du test réalisé avec une série de 200 vues sans précautions particulières, le niveau de la batterie (avant et après exercice) a effectivement confirmé une endurance particulièrement convaincante.

La batterie à changement rapide.

J’insiste sur ce point dans la mesure où le Leica M se doit, de par son utilisation nomade et sa capacité à se rendre disponible en toute occasion, d’être un boitier certes performant mais aussi très endurant. Si Leica, avec le M10, avait réussi son pari du volume et de l’encombrement en se rapprochant très près du légendaire M6, il manquait cette notion d’endurance certaine pour associer un peu plus encore les deux boitiers.

Un appareil numérique sera par définition toujours consommateur d’énergie et il sera sans doute impossible d’assurer un jour la même autonomie que celle parfois infinie des boitiers argentiques. L’objectif était donc, sans modifier le format du M, de lui donner la possibilité d’assurer de longues prises de vues mais aussi de rester disponible et d’attaque à tout moment sans être obligé de le recharger à tout va. Il semble bien que Leica ait réussi cette gageure car le M11 est clairement très très endurant. A tel point que la question de l’acquisition d’une deuxième batterie se posera pour la plupart d’entre nous. Si cet achat était pour le moins important avec le M10 et à un degré moindre avec le M240, le M11 rebat les cartes et l’utilisateur commun pourra sans problème se contenter de la batterie présente avec le boitier. La batterie supplémentaire étant facturée 165€, voici donc une économie bienvenue…

Plus encore qu’une deuxième batterie, il sera très pertinent d’acquérir un à coût raisonnable un Power Bank (chargeur de batterie autonome) permettant de recharger rapidement le boitier mais aussi, si nécessaire, ses autres appareils mobiles (smartphone, tablette, ordinateur). La prise de vue lors de ce rechargement étant bien évidemment possible.

A noter que le chargeur se présente sous la forme d’une station de chargement (dock) très pratique avec sa connectique USB-C extrêmement rapide. Un port USB-C est aussi disponible sur la base du boitier pour un déchargement (et rechargement !!) très performant du boitier.

Le chargeur de batterie et son câble USB-C (fourni)

Dans le logement de ladite batterie, nous trouverons un logement de carte SD permettant la sauvegarde de la mémoire interne de 64 Go, une première pour un Leica M. C’est une belle surprise et innovation que Leica s’est évertué à offrir sur cette nouvelle version. Ces 64 Go rendront pour beaucoup l’utilisation de cartes superflues. Cependant, la possibilité d’adjoindre une ou plusieurs cartes pour la sauvegarde des images prises est un bon point en ce qui concerne la sécurité des données, notamment pour une utilisation professionnelle. Pour ma part, j’ai apprécié de pouvoir réaliser la série d’images sur la mémoire interne pour la copier ensuite (rapide et peu consommateur d’énergie) sur une carte équivalente puis de retrouver un boitier vierge prêt à retourner sur le terrain.

Ajoutons à cela un écran arrière en légère progression et une interface graphique associée plutôt claire et bien réalisée. Ainsi, la démonstration faite par Leica pour le M11 est plutôt claire, classicisme du boitier à la sauce M mais aussi modernité et avancées technologiques probantes pour une évolution plutôt convaincante.

Mise en Image :

Dans l’ère numérique, chaque nouveau produit apporte plus ou moins son lot de nouveautés mais un élément est sans contestation systématiquement au coeur des évolutions, à savoir le capteur. C’est bien évidemment le cas pour le M11. Il s’agit d’un tout nouveau capteur CMOS BSI doté d’une technologie permettant une triple définition à choisir lors de la prise de vue.

  • L-DNG à 60 MPix pour des fichiers de 70 à 120 Mo selon les sujets avec rafales d’une quinzaine de vues, une profondeur de couleur de 14 bits et une dynamique de 14 IL.
  • M-DNG à 36 MPix pour des fichiers de 30 à 40 Mo selon les sujets avec rafales d’une trentaine de vues, une profondeur de couleur de 14 bits et une dynamique de 15 IL.
  • S-DNG à 18 MPix pour des fichiers de 10 à 25 Mo selon les sujets avec rafales sans limitée de prise de vues, une profondeur de couleur de 14 bits et une dynamique de 15 IL.

Clairement, la haute définition (60 MPix), sera parfaitement dévolue à obtenir les plus fins détails avec une vraie possibilité d’agrandissement sans perte de définition. Sans parler de zoom embarqué, cela ouvre de vraies voies en terme de recradrage (même furieux).

La définition intermédiaire sera utilisée pour garder un équilibre entre performance de définition du capteur et une dynamique accrue (gain d’1 IL) ainsi qu’une réactivité plus importante lors des prises de vue en rafale (doublement du nombre de vues par rapport à la haute définition).

La définition la plus basse permettra d’obtenir des images plus légères avec un nombre illimité de vues en rafale, le tout avec une dynamique équivalente à celle de la définition intermédiaire et un niveau de bruit très faible pour une montée en sensibilité bien mieux maitrisée.

Ce nouveau processeur est doté d’une nouvelle technologie baptisée BSI avec une architecture repensée de la matrice de Bayer. Sans rentrer dans des détails techniques n’intéressant que les initiés, il faut surtout s’attacher à détailler les avantages de l’apport de ce nouveau capteur , à savoir :

  • Réduction du bruit.
  • Très haute définition possible.
  • Sensibilité nominale de 64 Isos.
  • Lumière plus importante interceptée par le capteur.
  • Dynamique accrue aux deux plus basses définitions.
  • Rendu de couleur naturel avec une séparation des teintes plus subtiles.
  • Apport du nouveau processeur Maestro III pour une meilleure réactivité de l’appareil.

Dans la pratique et pour celui qui voudra exploiter les différentes définitions, il faut voir dans l’apport du M11 une logique évidente d’un boitier se voulant polyvalent sur ce point. En clair, vous partez en vadrouille photographique avec l’équivalent d’un M9, d’un M10 avec en plus la haute définition du M11. Le tout avec un capteur bien plus performant que les deux prédécesseurs cités, essentiellement en dynamique et en haute sensibilité. Un simple ajustement du boitier (avec une touche FN) vous permettra de basculer allègrement d’une définition à l’autre selon votre pratique et les sujets à saisir.

La sensibilité nominale est donc abaissée à 64 Isos (jusque 50 000), clin d’oeil parfaitement assumé par Leica pour la légendaire pellicule Kokak Kodachrome 64 dont le capteur se veut le digne héritier. Il est vrai que les premières images sorties du boitier font réellement penser à ce film mythique. Les couleurs sont quelque peu chaudes avec une excellente définition, le rendu général naturel et subtil. Le capteur est à la fois doux mais sait aussi se montrer très esthétique et juste quant à la restitution des couleurs. Sur ce point, la filiation avec le rendu du M9 est très palpable. La dynamique est en progression elle aussi.

Autre nouveauté pour un Leica M, une mesure matricielle dite intelligente fait son apparition. Habituellement peu adepte de ce genre de tout en un électronique, j’ai malgré tout fait l’effort de l’utiliser au maximum pour ce test. Bien m’en a pris car ce fut une vraie découverte. Dans la grande majorité des cas, l’analyse de la lumière restituée par le boitier fut juste et ne demanda pas de correction. Il est vrai qu’il y avait bien longtemps que je n’avais pas réalisé de prise de vue avec ce type de mesure de la lumière mais il apparaît que Leica a plutôt bien réussi son examen de passage. Une bonne surprise qui pourra être utilisée sans restriction et qui ne se verra dépassée que dans de rares cas.

La réelle nouveauté technique sur ce point est la disparition de la cellule de mesure de la lumière. Mesure qui se fait désormais directement au travers du capteur (y compris avec la visée télémétrique). Ceci permet une mesure plus fiable et une substantielle économie d’énergie. C’est la première fois que le M se voit dotée de cette technologie bien connue sur les appareils hybrides.

Le Leica M11 (à gauche) et le M10.

De même, la fonction de sensibilité automatique pourra elle aussi être utilisée abondamment car la montée en Isos ne pose plus de problème tant les processeurs actuels, et celui du M11 en particulier, autorisent des sensibilités élevées sans contrainte. Encore une fois, seuls des cas particuliers nécessiteront une attention accrue et un ajustement manuel. Et avec la molette d’accès direct à la sensibilité apparut sur le M10 et qui est maintenue sur le M11, rien de plus simple que de choisir une valeur à la volée.

Au rayon des nouveautés, nous noterons aussi l’arrivée notable d’un obturateur électronique permettant la prise de vue jusqu’au 1/16 000s. Fonction très utile pour qui souhaite utiliser les grandes ouvertures malgré une haute luminosité de la scène à photographier. Apparut sur le SL, j’avais particulièrement apprécié cette possibilité d’utiliser un Noctilux aux très grandes ouvertures, le tout en plein soleil sans obligation d’installer un filtre ND sur l’objectif. Un vrai plus à mon sens…

La stabilisation numérique du Live-View est aussi de la partie. Cela peut être particulièrement utile dans des conditions de prises de vues difficiles.

Connectivité :

A l’heure de la connectivité avancée, Leica se devait donc d’améliorer et de renforcer son application lancée sur le Leica T, Leica Fotos.

L’objectif avoué est de favoriser la gestion des flux par les appareils mobiles car l’application Leica Fotos facilitera :

  • La géolocalisation des photos prises.
  • Connexion directe à un iPhone avec un câble accessoire Leica Fotos (fourni avec le M11).
  • Les taux de transfert ultra rapide (jusque 250 Mo/S).
  • L’accès aux images par Bluetooth.
  • L’accès directe aux photos sectionnées par visualisation des images marquées favorites.

A noter que le Leica M11, pour la première fois, est désormais un produit certifié Apple. Des fonctions préférentielles et exclusives seront à priori disponibles grâce au câble Lecia Photos. Fonctions non testées dans cet essai car ces possibilités ne seront disponibles que lors d’une mise à jour du boitier dans les mois à venir. Il sera nécessaire de tester la cohérence et la fiabilité des ces fonctions pour s’assurer d’un flux sécurisé et utile selon sa pratique.

Connexion USB-C standard ultra-rapide.

Conclusion :

Au final et sur le terrain, le Leica M11 s’est montré d’une efficacité redoutable. Boitier compact plus léger, sensibilité automatique parfaitement exploitable, mesure de la lumière multizones très efficace, endurance notable du boitier, définition ajustable à la volée, ergonomie simplifiée… En réalité, le dernier né des Leica M se rapproche un peu plus encore de ce qui fait la quintessence de ces formidables boitiers, la simplicité au service de l’image et de la prise de vue instinctive ou réfléchie.

Si la volonté de Leica est de se rapprocher, avec les boitiers numériques et en particulier avec ce M11, de ce qui a fait la force de ses appareils argentiques avec en tête de proue le M6 qui reste une référence, on peut raisonnablement dire que l’essai est transformé. Le M10 avait ouvert la voie quant au format du boitier, le Leica M11 enfonce un peu plus le clou en ce sens de par son endurance très accrue mais aussi de par ses automatismes parfaitement exploitables qui permettent clairement de son consacrer à l’essentiel, à savoir la composition de la scène à saisir.

Reste le tarif de ce Leica M11 qui comme à l’accoutumée sera sujet à bien des controverse puisqu’il est affiché à 8350€. Un prix qui peut paraitre stratosphérique mais la légende à un prix et quant on est amoureux du M, difficile de résister même si le tarif est pour le moins déraisonnable.

Les accessoires associés au M11:

Un nouveau modèle modèle de viseur électronique fait son apparition pour le Leica M11. Baptisée Visoflex 2, elle est parfaitement compatible avec toute la série des M10. Il s’agit d’un affichage OLED de 3,68 millions de couleurs. Elle est fabriquée en aluminium anodisé noir, avec le classique réglage dioptrique et un crantage à trois positions (0, 45 et 90°).

Une belle promesse que je n’ai pu tester mais dont le tarif peut véritablement faire fuir, à savoir 695€. Malgré tout, c’est un accessoire qui peut s’avérer décisif lorsque les conditions de prises de vue sont particulièrement difficiles (lumière, mise au point…). Fournie avec son étui de protection.

Autres accessoires :

  • Poignée M11 noire (370€).
  • Repose pouce noire ou chromée argent (265€).
  • Protection d’écran verre hybride (35€).
  • Etui de protection noir, cognac ou vert olive (285€)
  • Courroie noire, cognac ou vert olive (145€).

A suivre une galerie d’images, réalisée au Leica M11. Il s’agit d’images test sans autre prétention que de montrer des exemples de ce que peut produire l’appareil décrit dans le test.