Dans la gamme Leica et depuis toujours, le Noctilux fut exclusivement réservé à la focale de 50mm. Décliné en cinq versions, le premier en ouverture f/1,2 sorti en 1966, il fut suivi par trois versions pour le modèle ouvrant à f/1,0 pour en arriver à la mouture actuelle à l’ouverture record de f/0,95. Cet objectif tient véritablement une place à part au regard de ses résultats uniques mais aussi de son prix quelque peu pharaonique. Orphelin du Summilux 75mm depuis 2007, c’est donc en version Noctilux ouvrant à f/1,25 que Leica vient de se décider pour le lancement d’un héritier de cette optique devenue mythique.
Mais ce Noctilux 75mm est-il au niveau de ses ambitions et réussira-t-il à combler la longue attente des afficionados de la marque ?
Présentation :
J’entends déjà les critiques sur le poids et l’encombrement. C’est plutôt logique car le choix du Leica M et de ses optiques se fait très souvent sur l’argument de la compacité. Ce critère est bien évidemment mis en avant par les utilisateurs du matériel de la gamme M, que ce soit par les Leicaistes de longue date mais aussi des nouveaux arrivants qui ont bien souvent choisi la marque après qu’ils eurent baissé les bras devant les sacs à dos trop lourds et encombrants. Nous sommes donc effectivement aux limites de ce que peut proposer la gamme M en termes de prise en main sur un ensemble boitier/objectif.
A l’instar du 50mm, le Noctilux est lourd et imposant. Plus d’un kilogramme (1055g) de métal et de verre pour 91mm de long et un diamètre de 74mm, il est clair que l’objectif est loin d’être le plus compact de la gamme M. Mais c’est évidemment le prix à payer pour posséder un 75mm à ouverture extrême. Malgré tout, c’est sensiblement le double du Summilux 75 (560g) qui pour sa part ouvrait à f/1,4. Sur un boitier M, le déséquilibre vers l’avant sera un peu plus prononcé encore que celui constaté avec le Noctilux 50mm. Mais attention, rien de rédhibitoire et l’ensemble est parfaitement utilisable, plus encore si l’on affuble son boitier M d’une poignée grip optionnelle. C’est même d’ailleurs plutôt conseillé à mon sens pour une meilleure homogénéité du mariage boitier/objectif.
Avec le Leica SL, pas de souci particulier de prise en main. Ce dernier, qui a été conçu pour accueillir les objectifs de la gamme SL certes plus imposants fait que le Noctilux 75 trouve sa place bien plus naturellement et l’ensemble est effectivement très homogène à la prise en main.
La construction est bien évidemment sans reproche et comme pour toute la gamme Leica, l’objectif respire la solidité et il ne fait aucun doute que les années n’auront pas de prise sur la résistance à toute épreuve de ce matériel haut de gamme. Le pare-soleil intégré amovible est un vrai plus car si il se fait oublier, il a la grande qualité d’être toujours présent et donc utilisable à tout moment. A noter aussi la présence judicieuse d’un adaptateur fileté pour faciliter le montage de l’optique sur trépied, très utile pour qui voudra faire de la prise de vue posée en toute sécurité.
Comme pour la version 50mm, pas de gâchette et la mise au point se fera à l’aide d’une bague cannelée classique. Pas d’affolement cependant, la dite bague est très fluide et la mise au point se fait réellement sans effort. Pour le reste, c’est très classique avec une bague de diaphragme bien crantée et les habituelles échelles de profondeur de champ.
Conception :
Comme pour le Summilux 35mm et autres références modernes, deux lentilles asphériques ont été intégrées dans les neufs éléments en six groupes ainsi qu’un élément flottant pour optimiser le rendement dès la distance de mise au point la plus faible qui se situe à 0,85 mètres pour se prolonger jusqu’à l’infini. Le rapport de reproduction maximum est 1: 8.8 ce qui correspond à de la photographie rapprochée (et non de la macro-photographie).
Pour tenter d’obtenir un bokeh plus harmonieux encore, Leica a fait le choix d’un diaphragme à 11 lamelles avec un iris de forme circulaire.
La focale de 75mm, combinée à une ouverture de f/1,25 fait qu’à pleine ouverture et selon la distance du sujet, la profondeur de champ sera extrêmement réduite. A la limite bien souvent de ce que le viseur télémétrique permet. Le taux de déchet pourra être très important dans cet exercice périlleux et Leica préconise même l’utilisation d’un viseur numérique. Attention aussi à la précision du télémètre car comme pour le Noctilux 50mm, il faudra un appareil bien calé pour le numérique pour éviter les mises au point hasardeuses et avoir la précision la plus grande. C’est vital pour ce type d’objectif et l’envoi du couple boitier/optique chez Leica pourra être très clairement envisagé pour obtenir le réglage le plus précis.
L’utilisation de loupes optiques de viseur (X1,4 ou X1,25) pourra aussi améliorer la visée même si c’est clairement un cran moins efficace que le viseur numérique.
Uilisation :
D’emblée présenté presqu’exclusivement comme un objectif à portrait, je ne partage pas forcément ce postulat. Bien évidemment, un 75mm sera fondamentalement à l’aise dans ce genre d’exercice mais il me semble que c’est plutôt réducteur. Les 75 et 90mm peuvent parfaitement être performants dans d’autres conditions et usages. Un 75mm offrant de telles possibilités permettra aussi de composer par exemple de belles images de rue tout en restant à distance, de magnifiques paysages aux perspectives ramassées ou permettra d’isoler clairement un sujet de la scène photographiée.
Avant d’évoquer à proprement dit les performances de l’objectif, il convient d’appréhender le mariage Noctilux/Leica M car un objectif d’une telle ouverture utilisé sur un boitier télémétrique pose inévitablement le problème des résultats obtenus en matière de réussite de la mise au point précisément.
Pour ma part et pour avoir fait le test avec un M240 au télémètre (calé parfaitement), j’évalue le taux de réussite à 70/75% et donc un taux de déchet à une photo sur quatre environ. C’est plutôt bon et cela permet d’envisager une utilisation du couple sans autre restriction. Bien évidemment, certains sujets ou conditions de prise de vue pourront influer sur ce taux dans un sens ou dans l’autre mais globalement, je pense que cette évaluation semble cohérente sur des sujets variés tels que montrés dans la galerie qui suit. Sur le M, l’utilisation d’un viseur numérique optionnel pourra rendre le taux de bons résultats aux alentours de 90/95%. Je conseillerais donc l’emploi de ce dispositif qui sécurisera un peu plus encore la prise de vue avec l’objectif. Beaucoup d’entre nous considèrent que la limite acceptable de la visée au télémètre se situe au 50mm et qu’à partir du 75mm, la difficulté de mise au point est presque rédhibitoire. Sans aller jusque-là, il est vrai que l’apport des viseurs électroniques ont fait leur chemin et s’ils sont utiles avec un Summicron 75mm, ils deviennent presque indispensables avec le Noctilux 75mm utilisé aux très grandes ouvertures.
Et puis, il y a le SL !! Comme pour le Noctilux 50mm, le fantastique viseur de ce boitier donnera tout son potentiel et m’a permis de réaliser des images plus facilement encore pour un taux de réussite optimal de 100% des prises de vue, quelques que soient les ouvertures utilisées. Je ne suis d’ailleurs pas loin de penser que l’existence du SL n’est pas étranger à l’apparition du Noctilux 75mm au catalogue Leica. Il est évident que le fait de bénéficier d’un viseur grand et large, très défini, avec correction dioptrique et dont le focus peaking offre une telle précision ne peut que rendre l’utilisation des Noctilux plus performante encore. Et comme pour le Noctilux 50mm qui ne quitte plus mon SL, le 75mm sera le compagnon idéal de ce boitier hors norme. Si le gain est effectif pour la précision de la mise au point, il va sans dire que la réactivité sera elle aussi améliorée. C’est un point essentiel lors de séances de prises de vue spontanées ou la rapidité est un élément déterminant pour prendre du plaisir et réussir un maximum d’images.
Au-delà de ces deux critères que sont la précision et la rapidité, le viseur électronique du SL que beaucoup considèrent comme le meilleur sur le marché actuellement permettra aussi de visualiser directement le résultat de la prise de vue réalisée. Si cela s’avère précieux pour l’ensemble des éléments de la scène photographiée (lumière, flare éventuel, balance des blancs…), c’est encore plus déterminant pour apprécier précisément la zone de netteté, la profondeur de champ et le bokeh. Un gros avantage pour composer et appréhender la scène photographiée avec l’assurance de réussite dès la prise de vue.
La solution du viseur numérique présente un autre avantage à prendre en compte. En utilisant de surcroit la loupe numérique intégrée lorsque le temps de mise au point le permet, c’est en réalité l’assurance d’une mise au point parfaitement réussie.
Performances :
S’agissant d’un Noctilux et l’objet étant vendu le prix d’une petite voiture citadine, on est bien évidemment en attente du tout meilleur. Et bien, pas d’inquiétude à ce sujet, cet objectif ne déroge pas à la règle des optiques Leica en offrant des performances superlatives, finition Noctilux en prime. Il est clair que ce 75mm a été conçu sans compromis pour être le meilleur dès la pleine ouverture.
Déjà bien corrigé en 2008 par une nouvelle version du Noctilux 50mm, il me semble que le 75mm, conçu donc dix années plus tard, a pu bénéficier d’avancées technologiques permettant de rehausser encore les performances brutes de l’objectif. Cela se traduit par une netteté plus grande à pleine ouverture, en fait de meilleurs résultats sur ce point aux grandes ouvertures. La colométrie semble elle aussi plus juste et il est vraisemblable que les lentilles ont bénéficié de traitements améliorés permettant de progresser sur ce plan.
Pas de déformation ou distorsion, des aberrations chromatiques quasi inexistantes, un piqué en progression aux grandes ouvertures (par rapport au Noctilux 50mm), une colométrie plus juste encore et un bokeh harmonieux (moins circulaire que les anciennes références) font de cet objectif une sorte de perfection optique au service de la photographie. Leica a su bonifier le Noctilux 50mm et ce n’est pas un mince exploit car il est lui aussi à un niveau que je qualifierais d’excellence. A tel point qu’il sera extrêmement difficile de trouver des défauts à ce Noctilux 75mm d’exception. Mais là, je ne parle que de technique et plus que ces éléments factuels, le propre de chaque optique Leica est d’avoir une véritable signature. C’est cette signature qui fait que l’on apprécie plus ou moins tel ou tel objectif et que des préférences marquées s’affichent.
Et là, et bien je crois préférer le rendu du 50mm mais c’est très personnel. Il faut bien comprendre que nous sommes dans la nuance la plus fine et la subtilité d’une préférence toute relative tant le niveau atteint par Leica en termes de résultats est proprement stupéfiant. C’est le côté un peu moins chirurgical du Noctilux 50mm qui l’emporte face au petit nouveau, de façon très subjective et parce que j’ai personnellement un goût plus marqué pour les optiques moins tranchantes. Il n’y a aucun doute quant aux qualités intrinsèques de ce 75mm qui sont certainement ce qu’il se fait de mieux sur le marché. Cet objectif est unique et son utilisation rendra son propriétaire le plus exigeant parfaitement heureux.
Quel 75mm pour mon Leica ?
Le choix d’un 75mm dans la gamme Leica, indépendamment de toute logique financière, peut être un casse-tête. Dans l’ordre, il y a le Summarit 75mm, le Summicron APO 75mm et donc le Noctilux 75mm. Pour compléter le tableau, il y a le Summilux 75mm f/1,4. Ce dernier n’étant plus produit par Leica depuis 2007, c’est bien évidemment sur le marché de l’occasion qu’il faudra lorgner pour s’en procurer un exemplaire.
La gamme Summarit, sous-estimée à tort, est constituée de quatre optiques dont un 75mm de très bonne facture. Compact et performant, il excelle en numérique et son tarif économique (1850,00€) en font un excellent choix pour une utilisation occasionnelle. Il fait partie des optiques au rendu très piqué (un peu trop diront certains) et les résultats obtenus seront d’excellent niveau.
Pour gagner en ouverture et obtenir un rendu plus subtil que le Summarit, il faudra regarder du côté du Summicron APO 75mm qui est une référence dans la gamme Leica. Compact aussi mais plus cher (3775,00€) que le Summarit, il sera plus performant en terme de rendu global avec une image certes moins tranchante mais de meilleurs micro-contraste et un magnifique modelé.
Et puis, il y a le Summilux 75mm qui est un peu l’ancêtre du Noctilux 75mm. Discontinué depuis 2007, cet objectif garde cependant une belle cote d’estime auprès des Leicaïstes. Uniquement disponible en occasion aux alentours de 3000,00€, il faut dire que cette optique présente un CV pour le moins intéressant. D’un point de vue technique brut, le petit dernier fait cependant montre d’une supériorité sans conteste dans tous les domaines. Meilleur piqué à toutes les grandes ouvertures, correction bien supérieure des aberrations chromatiques, flare nettement mieux maitrisé, moins de déformation, micro-contrastes plus élevé et colométrie plus juste. Les presque quatre décennies d’écart de conception et leur lot d’améliorations livrent un verdict sans appel en faveur du Noctilux 75mm.
Mais le Summilux 75mm garde un pouvoir de séduction à prendre sérieusement en compte lors de l’achat d’un 75mm. Son rendu plus vintage (très en vogue en ce moment et pas uniquement dans la photo) lui donne un charme incontestable. Techniquement bien inférieur effectivement, il permet cependant d’obtenir aux grandes ouvertures des images aux ambiances plus surréalistes. Nous sommes donc là dans une opposition réelle qui confronte un outil remarquable dans sa conception et sa réalisation offrant de grands résultats d’un point de vue technique à un artiste, plus désordonné et bourré de défauts, mais dont la restitution surannée et poétique est un atout irremplaçable pour certains.
Conclusion :
Grand amateur des Noctilux, c’est bien évidemment avec beaucoup de plaisir et d’envie que j’ai réalisé le test de ce 75mm d’exception. Clairement, cet objectif est lourd et extrêmement cher (11 900,00€). Mais c’est le prix à payer pour s’offrir un objectif hors du commun alliant construction exceptionnelle et performances sans égales. Comme évoqué, il serait dommage de cantonner ce 75mm à de beaux portraits car il est parfaitement capable d’évoluer dans d’autres domaines avec beaucoup de facilité tout en offrant des résultats incroyablement bons.
Moins standard que le Noctilux 50mm, il est le résultat d’une production sans concession de la part de la marque Allemande qui, à l’instar du Summicron 50mm APO, s’est attaché à donner le meilleur du meilleur à ce 75mm. L’essai est transformé et ce tout nouveau Noctilux ne déçoit pas tant son potentiel est énorme. Son rendu à la fois précis et subtil est un gage d’images exceptionnelles.
Il faudra bien sûr composer avec un embonpoint et un poids pas forcément habituel pour une utilisation avec un simple M et la visée aux grandes ouvertures sera ardue avec le télémètre. C’est pour cela que l’utilisation des viseurs électroniques est à conseiller (VF2 pour le M240, Visoflex pour le M10).
Il est évident que la longue attente pour remplacer le Summilux 75mm était étroitement lié à la capacité de Leica d’offrir un objectif hors normes pour ceux qui recherchent le summum en termes de perfection optique. Aucun souci à se faire sur ce plan, l’optique présentée est clairement au niveau espéré…
Ci-dessous la galerie d’images test a été réalisée avec le Noctilux-M 75mm, un MP240 et le Leica SL pour démontrer les propriétés de l’ensemble en dehors de toute connotation artistique.
Cliquez sur la première image pour voir la galerie…
Click on the first image to view the gallery…
Superbe article (une fois de plus). Tout est dit.
Ceux qui sont intéressés savent qu’ils peuvent commencer à économiser.
Quant aux autres, ils apprécieront cette optique d’exception sur catalogue…
Cordialement.
Merci beaucoup.
Assez inaccessible effectivement mais quel objectif !!!
Il serait interessant de comparer le noctilus avec le 75mm du SL…
Effectivement, un jour prochain peut-être si je peux disposer des deux optiques à un moment donné.
Si on arrive a ce voir… je suis équipé de SL avec le 75 sl… peut etre a la rentree si tu organises le fameux workshoop du week end 👍
Bonjour,
Merci pour cet article.
Cet objectif est très bien construit et donne d’excellents résultats.
C’est le moins que l’on puisse attendre à ce prix tout de même…
J’avoue ne pas partager votre point de vue.
Dire que 11900€ « est le prix à payer pour s’offrir un objectif hors du commun alliant construction exceptionnelle et performances sans égales » est difficile à accepter pour au moins 2 raisons :
– Pour affirmer que « les performances sont sans égales », il aurait été nécessaire de le comparer aux autres objectifs de même nature.
Certains font des comparaisons toutes marques confondues (DxO – dans une certaine mesure -, Ken Rockwell, Steve Huff, Le Monde de la Photo etc…) et à les lire, il existe plusieurs objectifs de focale approchante, aux performances « toute aussi exceptionnelles », mais à des tarifs qui n’ont rien à voir. Je pense à la gamme Art de Sigma et à certains Zeiss notamment, et à leurs performances que ma modeste pratique confirme, même si j’ai eu de très grandes émotions avec certains objectifs Leica.
– Ne pas émettre la moindre réserve à la lecture de ce tarif astronomique semble indiquer que de votre point de vue, les prix pratiqués par Leica sont dans tous les cas justifiés. Or, pour ne prendre qu’un exemple, il suffit de regarder le prix des objectifs en euro constant depuis leur sortie pour s’apercevoir que là où toutes les marques baissent leurs prix avec le temps du fait de l’amortissement du matériel, seul Leica les augmente de 35 à 40% sans aucune justification si ce n’est la volonté délibérée de conserver un positionnement tarifaire élitiste.
J’aime cette marque, ses produits d’exception, son SAV. Mais j’essaye de garder la tête froide et de ne pas être éblouis par ce qui brille ni aveuglé par ma passion.
Pour autant, je comprends que votre point de vue est tout autre et je le respecte.
Bonjour,
Alors clairement, je ne suis pas ébloui comme vous le dites et en relisant mon article, vous verrez que je ne cautionne pas le prix.
Lorsque je dis le prix à payer pour une optique de ce niveau, je veux bien dire chez Leica. C’est un constat pur et non un acquiescement envers la marque Allemande d’une quelconque politique tarifaire.
Qu’à fait Leica en réalité, difficile de dire si ce prix est réellement justifié ou non car il s’agit d’un objectif d’exception qui sera vendu à quelques pièces par an.
Comme pour le 50mm APO, je pense que Leica produit cet objectif sans se donner de contrainte de prix et pour le coup, cet objectif est techniquement parfait et très cher (plus de 7000€ pour un 50mm ouvrant à f/2.0).
Je pense aussi que ce Noctilux a été conçu dans le même esprit et donc son prix est comme écrit dans l’article « pharaonique » (dans mon article, c’est assez loin d’être considéré comme une bonne chose).
Après, j’ai vu objectifs d’autres marques qui semblent intéressants mais ne les ayant pas testés, je me garderais donc bien de porter un jugement.
Par contre, je maintiens le « sans égal » effectivement pour la qualité de construction.
Les Sigma ART ou Zeiss sont très bien et leur performances excellentes sans aucun doute, sauf que leur construction est assez loin de ce que propose Leica.
Et ce n’est pas pour rien que des optiques Leica (je ne parle pas des boitiers) qui accusent plusieurs décennies sont toujours sur nos appareils.
Je ne suis pas sûr que les Sigma ou Zeiss seront encore sur votre boitier dans quelques dizaines années, je vous affirme que les Leica le seront sans aucun doute.
Et en ce qui concerne les Noctilux, c’est encore plus vrai car pour en avoir eu un des années 80 et un actuellement, je n’ai rien vu sur le marché comparable en termes de qualité de construction et des matériaux utilisés.
De même, une production de masse baisse les coûts alors qu’une manufacture comme Leica produit encore ces optiques (dont les Noctilux) partiellement à la main et ne peut donc pratiquer des prix équivalents.
Un Noctilux est forcément un objectif à part et son prix est marginalisé lui aussi, rien d’étonnant dans tout cela.
Le prix brut ne veut rien dire et le comparer avec des optiques qui ne jouent pas dans la même catégorie n’a pas beaucoup de sens.
Ceci ne veut pas dire que je cautionne les prix Leica (je ne mettrais pas les 11900€ pour l’acquérir). Simplement, il est simple de dire « trop cher » sans tenir compte de la spécificité de l’objet vendu.
Une Rolex n’est qu’une montre et elle ne donne pas l’heure mieux qu’une Swatch, mais bon il y en a une en métal précieux et l’autre en plastique. Ceci voudrait donc dire que Rolex fait n’importe quoi en terme de tarif ?
Merci pour ce retour.
Pour moi, 12.000€ pour le 75mm d’un 24×36 est une injure au bon sens et même à l’honnêteté intellectuelle.
Rolex, que l’on site souvent à tort comme une marque horlogère de grand luxe, fabrique des montres qui n’ont rien d’exceptionnel à un tarif souvent exceptionnel, simplement pour flatter l’ego de quelques acheteurs, puisque ce qui fait la valeur de ces montres, c’est uniquement l’illusion de posséder un objet de grand luxe.
Leica a au moins le mérite de produire des objets d’exception.
Je comparerais donc plutôt Leica à Patek Philippe… dont les tarifs sont là aussi totalement délirants, sachant qu’en l’occurrence, si la fabrication de cette marque est de haute précision, il n’en va de même de l’heure donnée. Un comble quand même pour des montres dont les 1er prix dépassent les 15.000€.
Donc oui, on pourra toujours justifier les marges délirantes de ces fabricants de grand luxe par le fait que leurs produits sont hors norme.
Chacun sait que les acheteurs VEULENT payer très cher des produits qui pourraient être plus abordables, simplement pour être les « happy few » capables de se les offrir.
Porsche est ainsi la marque de voiture la plus rentable, LVMH l’une des marques de luxe aux meilleures marges, et Apple a un trésor de guerre de 260 milliards de dollars.
Toutes ces marques et bien d’autres surfent avec intelligence sur la bêtise et l’ego des plus fortunés.
Why not puisque tout le monde est content.
Je considère que les comparaisons sont très compliquées à faire et ne veulent pas forcément dire grand chose.
Quand je parlais de Rolex et Swatch, c’est simplement pour mettre en évidence que les deux marques ne visent pas la même clientèle et que leur stratégie et leurs produits bien différents.
Maintenant, je ne pense pas qu’il y ait les méchantes marques de luxe qui arnaquent tout le monde et les gentilles marques plus grand public qui elles seraient vertueuses.
Tout le monde essaye de faire son business, de cibler une certaine catégorie de personnes et l’éthique n’est pas l’apanage de telle ou telle catégorie de société, loin de là.
Je pense de surcroît qu’il est très réducteur de considérer toutes les marques de luxe et leurs produits comme des arnaques pour des m’as-tu-vu.
C’est de plus très peu respectueux de leur clientèle qui n’est évidemment pas systématiquement à classer dans cette catégorie majoritairement.
Je connais beaucoup de personnes (dont je fais partie) qui n’ont ni Porsche, ni Rolex ou tout autre objet de luxe mais qui aiment les beaux objets très performants et qui économisent parfois des années pour se les offrir.
Alors oui, il y a forcément des gens qui achètent ces produits pour s’afficher et cela existe pour les voitures, les motos, les fringues…
Mais cela ne veut pas dire que les produits fabriqués par ces marques de luxe soient systématiquement des arnaques et leurs prix parfaitement injustifiées.
Il est notamment logique que leurs marges soient plus importantes au vu de la fréquence de leurs ventes, les marques grand public étant plus concentrés sur le volume.
Et puis, chacun est libre d’acheter ce qu’il veut au prix où il veut et je ne crois pas que la majorité des gens souhaitent que les produits Leica ou autres soient le plus cher possible.
Le prix de ce 75mm peut sembler délirant à certains et justifié pour d’autres, qui prétend détenir la vérité ?
Pour avoir visité les installations de Weztlar et parlé avec un directeur produit chez Leica du 50mm APO, il expliquait les très gros problèmes qu’ils ont eu pour construire en nombre ce produit exceptionnel (assemblage et alignement des groupes de lentilles) et l’impact sur les marges dégagées pour cette optique (forcément très à la baisse). Alors quand on voit le prix en magasin, on se dit que c’est n’importe quoi mais à y regarder de plus près, il est évident que ce type de produits ne peut pas être à un prix « raisonnable » car il est réellement exceptionnel sur le marché.
Dernier point, pour avoir réalisé de nombreuses transactions de matériels Leica (boitiers et objectifs pour des montants souvent importants), je n’ai pas rencontré une seule fois des personnes qui ne cherchaient que la possession de produits Leica pour s’afficher mais plutôt des passionnés, très conscients de leurs achats et qui considéraient acheter un produit exceptionnel pour leur pratique photographique.
Très honnêtement, chez Leica, je suis certainement plus choqué par le prix de certains accessoires, de celui des optiques T ou de certains boitiers par exemple que par le prix des optiques hors normes que Leica produit de manière très confidentielle avec une qualité de construction et des résultats toujours au rendez-vous.
En complément, lorsque je vois certains prix des marques japonaises aujourd’hui pour des produits de masse fabriqués avec des matériaux plutôt basiques (alliages de faible qualité, verres de synthèse, assemblage parfois hasardeux…), je n’ai pas l’impression que les prix Leica soient si délirants que cela.
N’oublions pas que Leica reste la seule marque photographique face aux firmes Japonaises et qu’ils se permettent parfois de mettre sur le marché des produits et techniques innovantes (boitiers monochromes, premier compact APS-C, viseur du SL…) tout en gardant des procédés de fabrication uniques et traditionnels.
Merci pour ce retour plein de bon sens.
Ce que vous dites est très juste. Nous sommes dans le business et l’objectif est que les clients en aient pour leur argent.
C’est le principe de la qualité perçue.
Tout cela est très respectable.
Sans vouloir concentrer le débat sur les produits de luxe, vous dites à juste titre ne pas avoir rencontré de m’as-tu-vu lors de vos transactions de Leica.
La question que l’on peut se poser, c’est pourquoi Leica fascine, au même titre que toutes les plus grandes marques de luxe ?
Pour le beau ?
Un SL ou un noctilux 75 sont tout sauf beau. Il en va de même pour un sac Vuitton en toile marron.
Pour le plaisir de posséder un produit d’exception ?
Plus certainement. Car posséder quelque chose que peu de gens peuvent s’offrir est en soi un vrai plaisir.
Avec Leica, on s’offre en prime une belle page d’histoire, un peu comme si l’on avait l’habit de Zorro (ici Cartier Bresson, Korda ou Capa).
Leica dit fabriquer ses produits à la main. En tout cas, c’est ce que la marque veut montrer (faire croire ?) dans ses vidéos institutionnelles.
Mais dans quel but ce travail est-il manuel ?
A titre personnel je me moque bien de savoir si le produit a été assemblé de façon mécanique ou artisanale à partir du moment où il est au niveau de qualité attendu.
Et si l’automatisation permet de réduire les coûts sans altérer la qualité je suis pour.
Dans le cas de Leica, l’actualité montre que les boitiers ne sont pas plus résistants que ceux de leurs confrères japonais (gamme D850 et +) construits comme des tanks ; et l’on peut toujours utiliser ses premières optiques Nikon sur les derniers boitiers de la marque. Y a-t-il donc une réelle valeur ajoutée ?
Au final, je crois que Leica joue avec une certaine maestria sur 2 registres :
– Le bagage historique qui transmettrait aux acheteurs, comme par miracle via la carte bleue je suppose, un peu du talent des illustres utilisateurs de la marque.
– Le luxe inaccessible qui fait des propriétaires utilisateurs des « purs », de « vrais amoureux » de la photo, qui se reconnaitront entre eux plus ou moins discrètement.
Pour autant, j’avoue qu’en 35 ans de photo, c’est avec mon M et le Lux 50 que j’ai eu le plus de plaisir à photographier…
Perso je trouve mon SL magnifique et bien plus sexy qu’un D850 (j’ai eu le 800 et Le 810 donc je ne suis pas intégriste).
Il me semble évident qu’un Leica est plus costaux qu’un Nikon.
Le luxe est une notion abstraite, ce qui est luxueux pour une personne ne l’est pas forcement pour un autre qui aura un pouvoir d’achat supérieur ou par le professionnel qui voit dans un moyen format à 50 000 euros ou le rendu d’un Noctilux le moyen de se différencier des autres et de vendre ses prestations à 3 000 euros la journée voir plus.
Vous semblez porter vos jugements selon votre expérience personnel et votre budget, il ne faut pas pour autant en faire un principe universel.
jean marc.
Le luxe est tout ce qu’il y a de plus concret (du reste, tout le monde s’accorde sur les marques dites de luxe) : 11900€ pour un 75mm, puisque c’est de cela qu’il s’agit, c’est très concret, très luxueux, notamment lorsque l’on parle d’un objectif en monture M, par essence peu prisé des professionnels. Je doute que « les pros qui touchent 3000€ par jour » choisiront un M + ce 75 lorsqu’ils auront 20.000€ à mettre dans du matériel de prise de vue. Mais je peux me tromper…
Concernant la robustesse des Leica, en 35 ans de photo j’ai pratiqué la marque ainsi que d’autres (Minolta, Sony, Nikon, Fuji, Panasonic).
Je contribue également depuis des décennies au site « Summilux.com ».
Le nombre de problèmes rencontrés par les possesseurs de Leica est au moins aussi important que ceux des marques concurrentes. C’est un fait tout ce qu’il y a de plus objectif.
S’il existe une vraie différence, c’est sur le SAV. Celui de Leica est exemplaire.
On peut ainsi faire réparer (à grands frais) son boitier même vieux de 50 ans.
Les raisons de la longévité des produits Leica n’est pas le fait d’une robustesse hors pairs, mais de ce service d’exception qui honore la marque et contribue à sa légende.
Enfin pour ce qui est de « mon budget (sous-entendu modeste) qui expliquerait ma vision (sous-entendue faussée) du luxe », je suis ancien avocat, ancien DRH de différents groupes, donc tout va bien, merci.
Pour autant, je ne fais pas l’amalgame entre pouvoir d’achat et regard porté sur le luxe.
Ce n’est pas votre pouvoir d’achat qui vous fausse, a mon avis, votre appréciation mais la non compréhension des besoins de certains d’apporter un plus sur leur image.
Cela explique en tout cas le marché du moyen format et celui de Leica qui s’en rapproche…à savoir vouloir se démarquer du lot par un rendu différent et qualitatif.
Rendu que Fae59 essaye gentiment de montrer aux gens et que l’on ne peut atteindre que par la construction d’optique compliqué et donc cher. Ce qu’il explique lui même assez souvent.
Vous avez peut être raison concernant le service après vente Leica qui ferait la différence d’où la longévité de leur produit, je ne suis pas sur qu’on puisse réparer un vieux Nikon de 30 ans par la marque elle même (est ce leur politique ?, je ne crois pas).
Pour moi le luxe, ce n’est pas qu’un pb d’argent, c’est de remplacer des objets simples par des objets difficiles à produire et apportant quelque chose de plus alors que chez vous il s’agit uniquement d’une critique axé sur l’argent et la sur valeur du produit sans comprendre qu’il a changé.
Qui vous apporte quelque chose de plus et qui a été magnifié.
ex. comparer une valise avec une malle Louis Vuitton. Outre la souplesse du bois et du coup ça légèreté et ça robustesse, l’aspect esthétique il y a une dimension en plus…vous apporter les objets que vous voulez avoir en voyage et ils vous font sur mesure des emplacements pour les ranger.
Pour conclure on peut dire que cet objectif est cher, qu’il apporte quelque chose de plus, un rendu mais selon moi, cela n’a rien avoir avec une envie de luxe.
La montre Leica qui sort en quantité limité, elle, sera plus dans cette catégorie.
Donc un Noctilux ou Summilux pour un 75mm…..si on a le choix et hors toute considération financière bien entendu!
Pour avoir le summum, effectivement…
Après, dans la gamme Leica, il existe heureusement une sérieuse alternative pour cette focale dans une fourchette de prix bien plus raisonnable avec le Summarit (f/2,4 ou f/2,5).
Bien évidemment, les performances ne peuvent se mesurer aux Summilux et Noctilux mais pour une utilisation plus occasionnelle, c’est plutôt une gamme de qualité.
Merci , et maintenant je rajoute un point d’interrogation à ma phrase. Donc un Summilux ou un Noctilux 75mm pour un M10….? Si on veut faire les deux, portraits (60%), et paysages (40%) grosso modo…
Parfaitement, c’est pertinent.
Avec ces optiques sur un M10, je conseille fortement la Visoflex pour la visée électronique qui servira par exemple pour saisir les sujets peu contrastés ou les conditions de lumière difficile.
D’autre part, pour éviter les mauvaises surprises et pour une précision optimale nécessaire pour ce type d’optiques ultra exigeantes, il faudra s’affranchir de l’impératif parfait calage du télémètre.
A noter ; avec un SL, nul besoin de quoi que ce soit, le viseur étant pour le moins royal pour l’exercice de mise au point quelles que soient les conditions.
Merci encore, donc lequel des deux alors? je n’ai peut être pas été très explicite s’il fallait choisir entre cs deux là.
Le 50mm sera plus généraliste, le 75mm plus spécifique.
Selon votre utilisation, je me dirigerais plus particulièrement sur le Noctilux 50mm.
Qualitativement, pas de différence notable.
Simplement, il faut considérer que la mise au point avec le 50mm sera plus aisée.
Donc un Nocti 50 et un Summilux 75…
Si on a le budget, bien évidemment…