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Souvent, on me pose la question de savoir pourquoi j’ai choisi le système M Leica. Cette question est facile et difficile à la fois. Facile car cela s’est imposé presque naturellement à moi au regard de mon parcours. Difficile car un choix est fait au travers d’un parcours, d’une sensibilité et d’une pratique qu’il est compliqué de transposer d’une personne à une autre. Je vais malgré tout essayer dans ces quelques lignes de vous expliquer ce qui a guidé mon choix avec les arguments qui sont les miens.

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Le Leica M240 et le Summicron 50mm Rigid de 1960

Je précise que je ne cherche à convaincre personne. Chacun trouvera dans cet article ce qu’il souhaite y trouver, des conseils, des informations ou un point de vue mais en aucun cas une volonté de convertir qui que ce soit à acheter du matériel Leica. Comme il est dit très justement, le meilleur des matériels est celui dont on se sert. L’offre actuelle, dans toutes les marques, permet d’obtenir des résultats de très haut niveau. Il n’y a donc aucune raison objective de préférer une marque à une autre sur ce critère. 

Il est évident que le côté historique, presque mythique de la marque Allemande amène beaucoup de personnes à se poser des questions sur le bien fondé des prix musclés pratiqués par Leica. Sont ils justifiés ? Le matériel Leica est il si excellent ? Autant de questions que je me suis posées moi-même et pour lesquelles j’aurai aimé disposer d’explications avisées autres que celles partisantes des vendeurs, aficionados ou détracteurs invétérés de la marque à la pastille rouge.

La démarche.

Adepte de la photo de rue, de photos posées et de grandes ouvertures, il me semblait que le système M de Leica était pour le moins très en phase avec mes aspirations. Les vecteurs plus de ce choix sont bien évidemment la compacité et le poids raisonnables de l’ensemble boitier et objectifs.

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Il  est clair que le fait de ne plus trainer 7 ou 8 kilos de matériels dans un grand sac à dos a été déterminant dans le choix de Leica. Bénéficier d’une plus grande mobilité tout en gardant un vrai système performant  me permet d’augmenter significativement les séances de prise de vue car le gros reflex lourd et sa pléiade d’objectifs restaient le plus souvent au fond du sac bien au chaud à la maison.

Autre facteur important, la discrétion avérée du légendaire boitier M et de ses optiques de taille réduite. Un véritable avantage pour faire des images avec une plus grande liberté.

 Une première approche du monde Leica.

La première chose à prendre en considération avant toute autre chose est le fait que le Système M de Leica repose sur le principe de la visée télémétrique et mise au point manuelle exclusivement. Il faut donc d’emblée accepter l’augure d’absence d’Autofocus et de toutes les aides associées.

Pour certains, il semble que ce principe de visée est rédhibitoire, que ce soit par rejet immédiat d’absence d’Autofocus ou par l’appréhension de l’impossibilité de réussir des images avec le télémètre. Loin de moi l’idée de porter un jugement quelconque sur cet état de fait. Je préconise par contre à celui qui est attiré malgré tout par le concept  Leica de faire un essai grandeur nature avec un boitier à visée télémétrique pour évaluer sa propre aptitude et l’efficacité du système de visée qui certes est véritablement particulier.

Petite anecdote au passage. Dans le petit monde Leica, il se dit que c’est Leica qui inventa l’autofocus et qui le céda à Minolta en disant fièrement : Nos clients n’ont pas besoin de l’autofocus, ils savent faire la mise au point… Bien qu’amusante au demeurant, je n’ai pas la certitude que cette histoire soit exacte. 

Pour ma part, la première expérience s’est soldée par un demi-échec. Mon premier achat Leica fut l’acquisition, il y a 4 ans, d’un boitier  Leica M8 et d’un objectif 35mm f/2,5. Si la visée télémétrique ne me posa aucun problème particulier, je n’ai pas vraiment accroché d’emblée au concept et ai revendu l’ensemble du matériel quelques semaines plus tard. Il semble qu’à cette époque, l’éventualité pour moi de quitter le monde du reflex n’était pas encore envisageable.  

Le jargon Leica.

Avant d’aller plus loin, je vais donner quelques indications sur le vocabulaire et autres précisions Leicaïstes qui permettront de mieux appréhender l’article et se familiariser avec l’univers Leica.

Les boitiers suivants sont des boitiers argentiques. N’en n’ayant jamais possédé personnellement, ils ne feront l’objet d’aucunes remarques dans cet article.  Dans l’ordre d’apparition :

Leica M3, MP, M2, M1, MD, MDA, M4, M5, CL, MD2, M4-2, M4-P, M6, M6J, M6 TTL, M7, MP. Seuls les Leica M7 et MP sont encore produits par Leica à ce jour.

Depuis 2006, les boitiers Leica sont devenus numériques, en voici la liste dans l’ordre de sortie.

Leica M8 ; capteur APS-H (18mm x 27mm) 10 mpx CCD Kodak, facteur de conversion de 1.33 par                                                                                            rapport au 24×36.

Leica M8.2 ; capteur APS-H (18mm x 27mm) 10 mpx CCD Kodak, facteur de conversion de 1.33 par                                                                                            rapport au 24×36. Changement d’obturateur plus discret. Remplacement de l’écran arrière par un verre cristal Saphir anti-rayure et antireflets. Changement du gainage cuir.

Leica M9 ; capteur 24mm x 36mm 18 mpx CCD Kodak. Le premier M plein format.

Leica M9-P ; identique au M9. Remplacement de l’écran arrière par un verre cristal Saphir anti-rayure et antireflets. Changement du gainage cuir.

Leica M9 Monochrome ; capteur 24mm x 36mm 18 mpx CCD Kodak conçu sur la base d’un boitier M9. Ce boitier est unique au monde à ce jour car c’est le seul qui est doté d’un capteur exclusivement dédié à la photo en Noir et blanc.

Leica M-E ; capteur 24mm x 36mm 18 mpx CCD Kodak. Rigoureusement identique au M9, il se distingue uniquement par sa couleur gris anthracite.

Leica M (Type 240) ; capteur 24mm x 36mm 24 mpx CMOS. Ecran arrière changé, mode vidéo, Live-view, batterie plus puissante, déclenchement discret… La rupture avec le boitier du M9 jusque là utilisé sur tous les M numériques (M8, M8.2, M9, M9-P, MM) est consommée. Place à un boitier résolument plus moderne.

 

Pour les objectifs, Leica a attribué des noms aux objectifs qui permettent d’emblée de connaître leur ouverture, voici ces noms (focales données pour la gamme actuellement commercialisée) :

Elmar et Super-Elmar ; Ouverture à f/3,4, f/3.8 ou f4.0. Focales existantes 18mm, 21mm, 24mm, 90mm macro.

Tri-Elmar ; Ouverture à f/4. Objectif à triple focale 16-18-21mm.

Elmarit : Ouverture à f/2.8. Focale existante 28mm.

Summaron : Ouverture à f/5.6. Focale existante 28mm.

Summarit : Ouverture à f/2.5. Focales existantes 35mm, 50mm, 75mm, 90mm.

Summicron : Ouverture à f/2.0. Focales existantes 28mm, 35mm, 50mm & 50mm APO, 75mm APO, 90mm APO.

Summilux ; Ouverture à f/1.4. Focales existantes 21mm, 24mm, 28mm, 35mm, 50mm.

Noctilux ; Ouverture à f/0.95. Focale existante 50mm.

APO-Telyt ; Ouverture à f/3.4. Focale existante 135mm.

Une particularité très significative du Système M Leica est que la baïonnette n’a pas changée depuis 1954, date de création du boitier M sous sa forme actuelle.  Ceci implique que les objectifs les plus anciens peuvent être montés sur un boitier actuel sans aucun problème. Les objectifs de conceptions antérieures à 1954, souvent à vis, peuvent être eux aussi montés sur un boitier M numériques ou argentique récents à l’aide de bagues d’adaptions (nommées LTM) sans difficulté. Tout ceci permet à l’utilisateur Leica de disposer d’un parc d’objectifs très étendu.    

 L’entrée dans le monde Leica.

2 ou 3 ans après avoir écarté un premier Leica M8 et après avoir touché de l’Olympus et du Fujifilm, je me suis de nouveau intéressé au Système M Leica. L’élément déclencheur a été l’achat d’un Fuji X100 en complément de mon reflex (Nikon D3s à ce moment). Ce petit boitier compact, très attendu par de nombreux photographes amateurs, au look rétro m’a (re)donné goût  au concept de l’appareil photo léger à objectif fixe mais à l’excellente qualité d’image.  Le plaisir a été tel que le reflex s’est soudainement vu abandonné dans son sac à la maison.

J’ai donc ensuite pris la difficile décision de me séparer de mon système reflex. Je dis bien difficile car bien que persuadé ne plus avoir besoin du dit système, de longues années d’habitude ne s’abandonnent pas aussi aisément. Tout en conservant le Fuji X100, j’ai donc pris l’option de me doter en complément d’un système hybride à objectifs interchangeables afin d’avoir  une gamme de focal plus étendue que le simple 35mm du Fuji.  

Le fait d’avoir eu en main (et surtout dans le sac) des boitiers et objectifs hybrides de bonne facture  (Olympus OM-D EM-5, Fujifilm X-Pro 1…) m’a véritablement convaincu que le reflex ne m’était plus indispensable. La solution qualitative ultime du Leica M devenait donc presque une évidence.  Voilà un Système complet, qualitatif au combien, compact et solide.

J’ai donc, et c’est le conseil que je donnerai facilement à celui qui veut tester un Leica M, acheté de nouveau un M8 avec un Summicron 40mm f/2.0. Cet ensemble n’est pas cher au regard du système Leica. A ce moment, j’ai payé le M8 1500 euros (très bon état avec garantie de 6 mois) et l’objectif 350 euros. Cette fois, la mayonnaise a tout de suite pris. J’ai immédiatement ressenti le plaisir de la prise de vue en toute simplicité…  

Et donc, un Leica M, pourquoi ?

Je vais m’attacher à être le plus clair et le plus objectif possible.

Tout d’abord et pour répondre d’emblée à une question qui m’est posée fréquemment, je dirais que le système Leica M a ses limites.  Si vos domaines de prédilection sont la macro, la photo de sport ou animalière notamment, vous pouvez passer votre chemin. Le système reflex conserve pour ces activités un avantage incontestable. Leur système autofocus ultra performant ainsi que des focales longues et qualitatives confère au reflex un règne sans partage dans le domaine de la photo de sport ou plus exactement des disciplines de mouvements rapides .

Ces mêmes télé-objectifs et zooms excellent aussi pour la photo animalière. Car si l’on ajoute à cela une montée en isos très efficace, on comprendra aisément que se passer d’un reflex pour cette activité n’est pas un choix très rationnel. Il en va de même pour la macro-photographie pour laquelle les systèmes reflex sont très complets et garants d’excellents résultats. 

Attention, je ne dis pas que ces trois domaines sont totalement fermés aux utilisateurs des matériels Leica. Simplement, le reflex est nettement plus performant de par sa rapidité, les matériels et accessoires proposés.  

En clair, si on désire continuer à pratiquer ces activités, il faudra envisager le Système Leica M comme un complément et non un remplaçant au Système reflex. En ce qui me concerne, ne pratiquant aucune des trois disciplines, le reflex n’était véritablement plus indispensable. 

Le choix de Leica, c’est de disposer d’un ensemble compact de très haute qualité en plein format (boitier et objectifs). A l’époque de mon achat du M8 (de transition pour évoluer très vite vers le M9), seul Leica savait remplir ces conditions. Certains rétorquerons, à juste titre d’ailleurs, que Sony  propose depuis peu un boitier compact plein format. Je suis d’accord mais il y a un domaine ou Leica garde à ce jour un avantage considérable par rapport à Sony, c’est le parc d’objectifs à disposition. Ce autant sur le plan de la quantité que de la qualité.

Une petite parenthèse d’ailleurs en ce qui concerne l’offre Sony à ce jour. Je fais cette parenthèse car la comparaison entre les systèmes Sony et Leica est très souvent mise en avant. Je ne conteste en rien la qualité des matériels Sony et les boitiers A7 et A7r sont à n’en pas douter de très bons boitiers. Il y a cependant deux choses essentielles qui me gênent au plus au point chez ce constructeur.   

La première est l’absence chronique d’objectifs proposés par la marque à la hauteur des deux appareils. Il faut se rabattre sur des marques tierces, voire sur des optiques Leica pour obtenir des résultats intéressants. Le tout en intégrant des bagues de conversion avec des résultats pour le moins aléatoires en fonction des objectifs et des marques. A l’inverse de beaucoup de personnes que je croise sur les forums, je ne prétendrais pas détenir une quelconque vérité sur la qualité ou non de tel ou tel objectif. Simplement, je pense de manière très pragmatique que lorsque des objectifs sont conçus par une marque, ils le sont par rapport à une technologie embarquée et connue par la dite marque. Les meilleurs résultats, hors cas d’exception, seront vraisemblablement obtenus en tenant compte de ces contraintes techniques que seul le constructeur du boitier connaît et maîtrise. J’ai donc du mal à comprendre la démarche qui consiste à acheter un boitier Sony, une bague d’une autre marque bien souvent et un objectif d’une troisième. Cela ne veut pas dire que cela ne marchera jamais et ne permettra pas d’obtenir de bons résultats. Je suis par contre sûr que jamais une optique Leica ne sera meilleure sur un Sony A7 ou A7r que sur un Leica M.

La seconde est le fait que le nombre de directions technologiques différentes prises par Sony depuis son entrée dans le monde de la photo n’est pas vraiment rassurant pour ceux qui cherchent à pérenniser un système photographique. Quid des reflex plein formats 850 et 900 dont le SAV n’est plus assuré ? Quid de l’avenir des Nex  (au regard de la sortie des A7 et A7r) dont la pérennité semble pour le moins incertaine ? Quid des compacts très cher très haut de gamme qui se succèdent à une vitesse effrénée ? Quid de l’absence incompréhensible d’une gamme d’objectifs qualitative ?  Cela donne l’impression d’une marque qui cherche encore les siennes au sein d’un secteur de la photographie ou les deux mastodontes Japonais ne laissent que des miettes… Il me semble qu’à l’inverse, Fuji l’a parfaitement compris en se démarquant radicalement par la sortie d’une gamme produit hybride cohérente, annoncée par une road-map précise et tenue qui annonce clairement à ses potentiels clients la pérennité du système dans les années à venir.

Revenons-en à Leica. Après donc un court passage avec un M8 et son excellent 40 Summicron, j’ai franchi le pas du plein format avec l’arrivée du M9 et d’un Summicron 50mm f/2.0 d’occasion. Pour moi, le choix de Leica c’est d’abord les optiques. Les objectifs Leica sont vraiment excellents, ce dès la pleine ouverture.

Pour moi qui venais de l’univers du reflex, c’est véritablement nouveau dans le sens ou bien peu d’optiques reflex donnent le meilleur aux très grandes ouvertures. Ceci s’explique visiblement par un tirage optique réduit chez Leica. Je n’entrerais pas dans les détails techniques, je n’en ai pas la compétence et ce n’est pas l’objet de cet article. Ce qui est clair, c’est que les objectifs Leica sont excellents sur toute la plage d’ouvertures. Vous me direz, au vu du prix, c’est la moindre des choses.

Certes mais ceux qui considèrent le prix des matériels Leica comme délirants, je dirais qu’il faut mettre le prix affiché en face du produit qui est vendu. Les objectifs Leica sont très compacts, les plus compacts et de très loin sur le marché des plein formats. Ils sont fabriqués en verre et en métal véritables et non en verres composites et divers alliages bas de gamme. Cela n’empêche pas les objectifs Leica d’apparaitre en force dans les top-objectifs lors des différents tests comparatifs réalisés. De plus, leur valeur marchande reste très stable dans le temps. Un objectif Leica acheté d’occasion au bon prix par exemple sera revendu plusieurs années plus tard au même prix voire plus cher au vu des augmentations annuelles. Le Summicron 50mm que j’ai acheté avec le M9, je l’ai payé 900 euros. Cet objectif date de 1995 et est en parfait état malgré une utilisation régulière. Il est évident que je pourrai le revendre sensiblement le même prix si je devais m’en séparer.  L’absence de moteur interne et de toute forme d’électronique (stabilisation) permet une longévité sans équivalence. Je viens d’acheter un Summicron 50mm dit Rigid en parfait état qui date de 1960.

Malgré tout et comme d’autres, je trouve que certains prix chez Leica sont pour le moins exagérés. A commencer par les prix des boitiers qui frisent l’indécence. Ils sont robustes et bien construits soit mais 5000 ou plus de 6000 euros dans un boitier, ce prix est il justifié ? A mon sens pas vraiment mais c’est malheureusement le prix à payer pour bénéficier des fantastiques optiques proposées par la marque. Les accessoires nombreux sont aussi à des prix parfois qui peuvent sembler fantaisistes. Un bouchon d’objectif à 40 euros, une loupe grossissante à 280 euros ou encore un viseur électronique à 400 euros, il semble qu’une marque prestigieuse pratique des marges que l’on va considérer comme confortables…

Bon mais la photo dans tout cela me direz vous ? Et bien je crois que je vais reprendre une phrase célèbre qui dit que le prix s‘oublie, la qualité reste. C’est exactement le sentiment qui prévaut à l’utilisation de l’ensemble Leica. Le plaisir ressenti avec un boitier et une optique Leica est difficile à traduire tant il est intense pour celui qui aime.

Dans mon cas, j’ai le sentiment profond de faire corps avec l’ensemble boitier/optique. Quel que soit l’objectif et la focale utilisée, il se produit une osmose assez magique avec l’appareil. C’est bien le véritable paradoxe de tout cela, on en arrive à ne plus penser au matériel pour ne se concentrer que sur la prise de vue. On entre littéralement dans l’image, les déplacements deviennent d’un seul coup naturels et l’absence d’un zoom pour les inconditionnels (dont j’étais) n’est plus un problème en soi. Au point qu’on ne pense plus la photo que par une focale fixe. Mon objectif de prédilection à ce jour est le Summilux 50mm f/1.4 qui est un objectif incroyable. Au delà d’un excellent piqué, c’est un objectif qui sait faire preuve de subtilité par des transitions net/flous magiques, avec un bokeh tendu esthétiquement magnifique et un modelé d’une finesse exceptionnelle. En réalité, ce n’est peut être pas un l’objectif parfait mais le mot qui me vient à l’esprit est artistique, cet objectif est véritablement artistique…

A ce jour, je possède cinq optiques Leica. Les focales sont les suivantes : Elmarit 24mm f/2.8 Asphérique, Summicron 35mm f/2.0 version IV (surnommée king of bokeh), Summicron 50mm f/2.0 dit Rigid, Summilux 50mm f/1.4 & Summarit 90mm f/2.5. Le point commun de ces objectifs est un rendu assez doux, sans l’agressivité plutôt marquée des objectifs Asphériques récents. Il apparaît d’ailleurs que mes goûts sont plutôt vers cette douceur relative car des essais d’un certain nombre d’objectifs m’ont invariablement ramenés vers des optiques plus anciennes. C’est d’ailleurs une vraie opportunité chez Leica, à savoir de pouvoir acquérir des objectifs avec des rendus qui peuvent être très différents en fonction de la focale, de la génération et du modèle choisi. Les deux 50mm que je possède sont par exemple très différents dans leur rendu. Je me suis exprimé sur le 50 Summilux, le 50 Summicron Rigid est lui plus doux encore avec un bokeh tournant très différent mais très agréable également.

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Les 5 objectifs que je possède, de gauche à droite : Elmarit 24mm, Summicron 35mm Version IV (King of bokeh de 1986), Summicron 50mm Rigid (1960), Summilux 50mm & Summarit 90mm.

Vous constaterez donc que la gamme d’objectifs est très vaste et que les possibilités sont multiples, pour le plus grand bonheur des utilisateurs de la marque. Le marché de l’occasion très actif est un moyen parfait de se monter une batterie d’objectifs en fonction de ses goûts pour un coût plus maîtrisé.

 Le choix du boitier : 

Je me suis longuement exprimé sur le choix du boitier entre le Leica M (type240) et le M Monochrome. Entre ces deux appareils, pas de mauvais choix possible, les deux frisent l’excellence. Le choix sera guidé par la nécessité ou non de faire de la couleur et de posséder un boitier résolument moderne ou pas. Si le choix est de faire noir & blanc et qu’un boitier plus rustique en pose pas de problème, le choix du Monochrome est évident… Il faut cependant prendre en compte qu’il est tout à fait possible de faire de très bons Noir & Blanc avec un M240. Les images devront être un peu plus travaillées pour arriver à un résultat très proche de celui du Monochrome. Ce dernier est un cran au dessus pour le noir & blanc sans aucun doute, il offre une subtilité supérieure avec une montée en isos impressionnante.  Les prix respectifs des boitiers sont de 6200 euros pour le M240 et 6800 euros pour le Leica M Monochrome. Mon rêve pour les temps à venir ; le capteur du M Monochrome dans le boitier du M240.

Leica M240

Le Leica M240

Le M8 ou M8.2. Ces deux boitiers sont excellents, le capteur CCD Kodak est très bon et il est possible de faire d’excellentes images avec cet appareil. Il permet en outre une plus grande tolérance aux flous de bouger de par sa résolution inférieure et son capteur plus petit. Les longues focales sont donc à privilégier pour ces boitiers. Un 35mm devient un équivalent 47mm, un 21 devient un 28mm… Ce peut être un avantage dans certains cas mais pour beaucoup, le M8 est synonyme de focales bâtardes et ceux ci ont attendu le M plein format avant de basculer en numérique, à savoir le M9. En Noir & Blanc, il sera possible de monter à 1600 isos. En couleur, selon les conditions, 800 isos me semblent être le maximum pour un résultat qualitatif. En occasion, le M8.2 sera à mon sens à privilégier. Sa conception plus récente lui donne une meilleure robustesse électronique et le risque de panne sera vraisemblablement inférieur celui du M8. Les prix en occasion (selon l’état, la garantie ou non, les accessoires…) seront sensiblement de 1100 euros en moyenne pour un M et 1500 euros pour un M8.2. Attention, il faut prendre en considération que les M8 et M8.2 ne sont plus réparables par Leica au niveau des capteurs et des écrans par manque de pièces de rechanges.

Leica M8

Le Leica M8 & un Elmarit 28mm Asphérique.

Le M9, M9-P, M-E. Capteur plein format, écran d’un autre temps (insupportable) , robustesse avérée, le M9 fut le premier boitier numérique plein format de Leica. Il a réconcilié les utilisateurs argentiques de la marque par le retour des focales 24×36. Le 50mm est redevenu un 50mm, les grands angles ont repris leur ouvertures de champ d’avant… Utilisable en couleur jusque 1250 isos, les 2500 isos seront atteints sans trop de problème en Noir & Blanc. Comme pour le M8.2, le M9-P sera préféré par sa conception plus récente avec un écran Saphir (pas meilleure mais plus solide) et un aspect plus discret (plus d’écriture sur la façade du boitier). Les prix en occasion seront respectivement de 2500 euros pour le M9 et 3000 euros pour le M9-P. Ces prix annoncés sont bien évidemment à relativiser en fonction de l’offre du vendeur. Le M-E sera à part dans le sens ou il est encore commercialisé.

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Le M240 à gauche et le M9 à droite

Alors que faire, quel choix de boitier ? Si votre budget le permet, le M240 ou le M Monochrome est forcément à considérer car il s’agit de boitiers d’exception qui vous permettront de tirer la quintessence des objectif Leica, quels que soient les formules choisies, récentes ou plus anciennes.

Pour un démarrage en douceur, la solution du M8 ou M8.2 est à étudier même si il existe un risque potentiel et réel de panne non réparable. Malgré tout c’est un très bon boitier pas trop cher en occasion qui peut permettre de goûter au mode Leica sans se ruiner. Un boitier qui sera facile à revendre au prix acheté (si le prix d’achat est conforme au marché).

Pour un budget intermédiaire, le M9 est un excellent choix. Plein format, performant, solide et éprouvé, il donne d’excellents résultats. Même si il souffre de quelques défauts (écran arrière, batterie un peu petite…), il rendra heureux son propriétaire par sa haute qualité d’image et sa facilité de mise en oeuvre.  

Pour conclure :

Après plus d’un an de pratique du matériel Leica, est-ce que je regrette mon choix et l’investissement important consenti pour acquérir un boitier et les optiques voulues ?

Bien évidemment non, le plaisir procuré par ce matériel est à la hauteur de ce que j’espérais. Le souhait de base était bien de disposer d’un système le plus compact possible mais aussi à la qualité d’image sans concession. Le pari est tenu et les images que je fais aujourd’hui m’apportent une vraie satisfaction.

Si je devais donner conseil à qui souhaiterait tenter l’aventure Leica, ce serait de trouver l’ensemble boitier/objectif dans son budget en équilibrant la dépense pour privilégier le choix des optiques. Il ne faut pas oublier que les objectifs resteront quand le boitier sera changé. Cela ne veut pas dire que le choix du boitier n’est pas à prendre sérieusement en considération lors de l’achat mais il ne doit pas forcément primer. Chacun devra choisir sa ou ses focales de prédilection selon sa pratique et l’offre Leica est suffisamment étoffée en neuf et occasion pour se doter du matériel souhaité.

De mon côté, lorsque je reprends en main un ensemble reflex, je dois dire que le poids et l’ encombrement m’impressionnent. Je me demande vraiment comment j’ai pu faire deux jours photo à Londres avec le couple D3s & zoom 24-70 f/2.8 qui me semble aujourd’hui monstrueusement gros et lourd. Bien évidemment, je ne parle pas de la qualité d’image car à ce niveau aucun problème. Simplement, il me paraît inconcevable de reprendre un jour de tels matériels quand l’offre permet aujourd’hui de faire au moins aussi bien avec beaucoup plus de compacité. Et pas uniquement avec l’offre Leica…

La galerie qui suit montre des images réalisées au cours des mois précédents avec les différents boitiers et objectifs Leica que j’ai pu tester. Vous y retrouverez le M240, M Monochrome, Le M8, le M9, le X2, et toutes sortes de Summilux, Summicron, Summarit et même des objectifs Voigtländer…

Cliquez sur la première image pour voir la galerie…