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Le Leica Monochrome II est sorti, enfin diront certains. Si la première version fut une vraie surprise car il s’agissait d’un produit parfaitement atypique, complètement unique dans sa conception et sa réalisation, le deuxième opus était très attendu tant il était évident que Leica ne pouvait que persévérer dans cette voie ouverte qui offre de bien belles promesses pour celui qui aime le Noir et Blanc.

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Le boitier : 

Tester un nouveau boitier Leica est toujours un privilège. Je remercie donc tout particulièrement la marque de m’avoir permis de disposer d’un boitier M246 et du nouveau Summilux 28mm pendant plusieurs jours.

Avec ce M246, pas de dépaysement pour celui qui dispose déjà d’un M240. Le nouveau capteur Monochrome CMOS a été implanté dans le boitier Leica M revu et corrigé il y a un peu plus de deux ans. Il s’agit donc d’un boitier moderne, robuste et agréable à utiliser. Il bénéficie même des améliorations apportées au M240 avec la révision baptisée M-P sortie il y a quelques mois à savoir un buffer boosté à 2 Go et un écran arrière version Saphir (inrayable).

Le test complet ici : https://fae59.com/2013/04/05/lemprise-en-main

Tous les agréments du M240 avec un capteur Monochrome CMOS, il semble que Leica se soit attaché à réaliser le souhait que j’avais émis il y a deux ans lorsque le M240 est apparut. Il est temps de vérifier si, comme je le suggérais, l’élasticité plus grande de la technologie CMOS élargirait un peu plus encore les possibilités déjà si importantes de la première mouture du M Monochrome. 

Les caractéristiques du nouveau venu sont les suivantes :

  • Capteur CMOS Monochrome 24 Mpx
  • Viseur Télémétrique.
  • Viseur électronique en option.
  • Système Live-View intégré avec Loupe (x1, x5, x10).
  • TFT 3 pouces (7,6 cm) de 921 000 points (verre saphir) 
  • Mesures d’exposition : pondérée centrale – TTL numérique : matricielle, pondérée centrale ou spot
  • Vitesse d’obturation de 60 sec à 1/4000 sec (synchro flash : 1/180 s)
  • Format d’images : DNG 5976 x 3992 px, vidéo 1080p (24 ou 25 i/s)
  • Motorisation : 3 i/s (buffer 2 Go / 30 photos)
  • Sensibilité de 320 à 25 000 ISO
  • Cartes mémoires : SD, SDXH, SDXC
  • Alimentation boitier : Lithium (800/1000 images selon utilisation)
  • Dimensions 138,6 x 42 x 80 mm
  • Poids 680 g boitier vide
  • Logiciel fourni : Adobe Photoshop Lightroom

Sur le terrain, pas de surprise donc au niveau de l’utilisation. Si le boitier est lourd, il présente une réelle densité et une robustesse qui ne se conteste pas. L’ergonomie est sobre mais complète et toutes les fonctions nécessaires sont bien présentes. Le choix de la simplicité est un parti pris choisi par Leica il y a des décennies, le M246 reste fidèle à la tradition de la marque Allemande. Pour qui a pris un Leica M dans les mains, il est quand même incontournable de ressentir que ces boitiers au design simplissime incarnent l’archétype de l’appareil photographique. Ni moderne, ni ancien, ces boitiers sont intemporels et procurent des sensations uniques en termes de prise en main. Si on ajoute à cela le viseur Télémétrique clair et précis, on dispose de l’arme ultime pour celui qui recherche le boitier discret, polyvalent avec une qualité d’images au dessus de tout soupçon.

Les optiques :

Je ne reviendrais pas sur la gamme optique de Leica. Bien que chère, elle reste pour moi ce qui se fait de mieux sur le marché. Compacte, légère, avec bien souvent de très grandes ouvertures, elle exploite sans problème les boitiers de la gamme avec des résultats d’excellence, y compris avec des objectifs accusant parfois quelques décennies.

J’ai notamment pu tester le nouveau 28mm de la marque très attendu lui aussi, à savoir le Summilux 28mm (f/1,4). J’ai été agréablement surpris par sa réelle compacité, évidente par rapport au 21 et 24mm de la gamme. Lui aussi est bien évidemment dans la tradition des optiques Leica avec des performances et un agrément de très haut niveau. Pour posséder un Summicron 28mm actuellement, il appartiendra à chacun de savoir si le choix de ce Summilux est pertinent pour remplacer le premier nommé. Pour un premier choix de 28mm, il sera à prendre en considération car en intérieur, la plus grande ouverture ouvrira des perspectives très intéressantes. Le rendu est subtil, très défini avec un bokeh très beau à mon goût. Vous trouverez des images tests de cet objectif dans la première galerie qui suit l’article.  

Les images du M246 :

Pour avoir finalement possédé un M Monochrome première version pendant quelques mois, j’ai malgré tout toujours donné ma préférence au M240. Je trouve les capteurs CCD plutôt raides malgré d’évidentes qualités sur d’autres aspects (couleurs, rendu…), les capteurs CMOS présentent des caractéristiques bien plus évolutives sur le plan de la dynamique ou de la sensibilité.

Pour ce test en images, je me suis évertué à réaliser des photos dans des conditions les plus différentes possibles. Intérieur, extérieur et sur toute la plage de sensibilités… Il apparait que le M246 est très simple d’utilisation. Moins exigeant que la première version au niveau de la prise de vue, il encaisse notamment un peu mieux les différences de luminosité de la scène photographiée. Logique au regard des caractéristiques d’un capteur CMOS. Cela ne veut pas dire bien évidemment que le soin apportée à la prise de vue est accessoire mais que le capteur dispose d’un spectre un peu plus élargit et plus tolérant que le capteur CCD de la version initiale. Ceci dit et comme pour la première version du Monochrome, il sera nécessaire d’exposer la scène sur les hautes lumières afin de préserver au maximum tous les détails. Attention cependant à ne pas trop sous exposer sous réserve de voir apparaitre du bruit électronique.

Sur ce plan, j’avoue avoir été particulièrement déçu par la première version et c’est encore le cas avec la version actualisée, moins nettement mais c’est pourtant encore le cas. Sur ce point précis, le M240 est clairement plus performant.

Exemple de sur exposition non récupérable au post-traitement :L1009962-Modifier

La définition est très importante même si l’image brute en sortie de capteur sera moins dense que celle du MM1. Ceci est logique et la transition du M9 au M240 avait provoqué la même analyse. Malgré tout, l’image fourmille de détails et il apparait tout de suite que le post-traitement offrira de belles perspectives. Lorsque la scène saisie offre une lumière homogène et diffuse, la gamme de gris est pour le moins superbe. Constat là aussi fait avec le MM1 même si l’effet semble encore plus évident avec la nouvelle mouture. Le rendu des matières est impressionnant avec une subtilité qui force le respect.

Pour ce qui est des hautes sensibilités et de la dynamique associée, chacun ira de ces conclusions théoriques au regard des caractéristiques techniques du boitier. Pour ma part, je ne juge que sur pièces, à savoir des images que je réalise moi-même. De 100 à 800 isos, rien à signaler, c’est superbe et la dynamique du capteur CMOS permet de franchir à minima un pallier par rapport à son prédécesseur. De 800 à 1600 isos, le grain apparaît même si il reste très discret et comme pour tous les boitiers Leica numériques, plutôt esthétique. Au delà de 1600 et jusque 6400 isos, le grain est présent mais toujours discret et fin, sans lissage excessif, un travail remarquable… A noter une dynamique en très nette progression à ces niveaux de sensibilité, ce qui n’est pas anodin. Ce n’est qu’au delà de 10000 isos que le grain devient grossier et la perte de détails plus visible. Mais bien évidemment, les ingénieurs de Leica ont exploité au maximum la vocation monochrome de leur boitier en privilégiant le grain et la dynamique au détriment d’un rendu trop propre et trop lisse. Un excellent compromis pour celui qui exige un rendu emprunt de matière et de dynamique.

Le Post-traitement :

Elément essentiel de la chaine de la photo numérique, il s’agissait de voir si l’avènement de ce boitier atypique modifierait radicalement la chaine de post-traitement. La réponse est claire est sans détour, oui et de façon plutôt notable.

Clairement, je n’aime que modérement la phase de post traitement. Découvrir sur écran les images que l’on a réalisées est un instant parfois jouissif mais la phase qui suit de traitement des images est quelque peu rébarbative car répétitive et plutôt chronophage. Malgré tout, lorsque l’on a fait le choix du fichier brut (raw), il est important à mon sens de développer chaque image individuellement. Mes traitements avec le M240 sont très simples et j’obtiens le résultat voulu en moins d’une minute par image, sauf cas exceptionnel. Avec le M Monochrome version II, moins de 30 secondes et le fichier voulu est là. Un gain substantiel pour celui qui manipule des volumes d’images importants ou qui comme moi, n’apprécie pas plus que cela cette phase de post-traitement. 

Alors, M240 ou M246 ?

Pour celui qui veut faire de la couleur ou ne peut s’offrir un deuxième boiter dédié uniquement au Noir et Blanc, la question ne se pose bien évidemment pas et le M240 (ou M-P) reste un premier choix dans le paysage numérique actuel. Il reste un fantastique boitier, une valeur sûre. Moderne, sobre, très efficace, il comblera son propriétaire avec une qualité d’image superlative. A noter que le M240 permet d’obtenir lui aussi des Noirs et blancs de tout premier ordre au prix d’un post-traitement plus long et laborieux (même si cela reste raisonnable) que les M Monochrome.

Comme prévu et sans surprise, le M246 est le boitier de l’utilisateur hyper exigeant sur la qualité de ses Noirs et Blancs. Pour cela, la nouvelle mouture du M Monochrome a gravi un échelon supplémentaire encore vers le choix d’une solution Monochrome ultime. Précision diabolique, rendu des niveaux de gris et des matières sans concession, capteur CMOS plus tolérant, le M246 est un produit de niche pour utilisateur élitiste à la recherche de fichiers au rendu unique. Une image réussie au M Monochrome (I ou II) est un ravissement sans égal. L’intégration dans le nouveau boitier de la gamme M est évidemment un grand pas en avant car Leica dispose désormais d’une version Monochrome dans un appareil moderne, particulièrement bien construit et complet, tant au niveau de l’ergonomie que des possibilités offertes (viseur électronique, Live-view, autonomie…).

Pour celui qui ne fait que du Noir est blanc, le choix est plus évident et la différence de prix ne sera vraisemblablement pas un obstacle (500 euros environ). Simplement, nous comparons l’excellence à l’excellence. La montée en isos sera à l’avantage du M246 sans conteste possible. LE M246 offre aussi une relative supériorité dans le rendu des matières et des gris, très logique de par sa conception et la volonté affichée de Leica d’offrir une qualité exceptionnelle sur ce point. Une image de M Monochrome est parfois magique, fascinante et s’obtient instantanément, le point fort de ces boitiers est sans aucun doute sur cet aspect. 

Conclusion :

Les points forts de ce M246 sont :

  • Capteur CMOS excellent jusque 6400 isos.
  • Rendu des matières 
  • Gamme de gris exceptionnelle
  • Boitier modernisé complet et robuste
  • Viseur éléctronique et Live-view
  • Vidéo
  • Autonomie
  • C’est un Leica M !!!

Le seul point faible véritablement à mon sens est la latitude d’exposition trop restreinte que j’attendais bien meilleure de par l’arrivée du capteur CMOS. Il s’agit probablement d’une restriction due à la nature même d’un capteur Monochrome car cela est pratiquement insensible sur un M240. Il conviendra donc de déterminer si ce point est rédhibitoire à l’heure du choix entre l’un et l’autre boitier.

Reste le possesseur du M Monochrome première version ? Doit il faire le choix du changement ? S’agissant de la qualité d’image, le gain est là, sans conteste. Si les images sont plus douces, la capacité de post-traitement est malgré tout supérieure et la dynamique en progression. S’agissant du boitier même, le delta entre les deux versions est énorme. Comme je l’ai vécu lors du passage du M9 au M240, il est question de passer d’un boitier conçu en 2006 (Leica M8 avec entre autres un écran et une batterie d’un autre temps) à un boitier moderne et fiable, sans fioritures certes mais complet et dans le pur esprit Leica. Il n’en reste pas moins que le M Monochrome première version reste une valeur sûre, capable de délivrer lui aussi des images de très haut niveau. Personnellement, je fraichirai le pas comme je l’ai fait avec le M240 (pour toutes les raisons évoquées précédemment) mais celui qui décidera de conserver son MM1 fera un choix tout aussi respectable.

Alors chacun décidera en fonction de ses choix et de ses aspirations si le M246 deviendra son appareil à compter de ce jour. Il est clair que le test réel sera toujours le meilleur moyen de se faire une idée précise et dans mon cas, ce test est concluant mais le M240 m’accompagne depuis deux ans et j’y suis très attaché. Entendons nous bien, je parle bien d’un point de vue photographique car je n’accorde aux objets que très rarement un attachement sentimental. Mais ces quelques jours passés avec le M246 me plongent dans une réflexion intense…

 

A suivre deux galeries, une première réalisée au M246 avec le 28 Summilux, le Summarit 50mm (nouvelle version) et le 50mm Noctilux f/1.

La deuxième galerie est réalisée au M246 avec le 28 Summicron et le 50mm Noctilux f/1. A titre de comparaison, quelques images de M240 sont insérées dans cette galerie.

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Une série faite lors d’un concert à 6400 isos…

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