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Le dilemme :

Equipé d’un M9 depuis quelques mois, j’ai entamé une réflexion pour choisir son successeur, le M Monochrome ou le M ? Et puis, il faut bien choisir donc je vous propose de vous faire part du cheminement qui m’a permis de me décider…

LEICAM-Monochrom-600

Pour fixer d’emblée les choses, je précise que je n’attache pas d’importance vitale à la marque de mon matériel. J’ai possédé des matériels de marque bien différente (Nikon, Canon, Olympus, Fuji) et mon choix du matériel Leica s’est fait sur la seule base des résultats boitier/optique.

Pour préciser cela, je développerais en disant que si les boitiers Leica sont des outils magnifiques d’un point de vue cosmétique et en terme de fabrication, ils n’écrasent pas la concurrence loin de là lorsque l’on s’en tient à la qualité d’image.

Les autres marques, fortes de leur grande expérience et souvent de moyens bien supérieurs à Leica, ont amené la photo numérique à un niveau d’excellence et de maturité qui ne se discute pas.

Les boitiers précédents que j’ai possédé m’ont procuré de belles joies photographiques et je ne renie en rien de les avoir appréciés.

Pour information et dans l’ordre, voici les matériels que j’ai possédé ; Canon EOS5D, Nikon D700, Nikon D3s, Fuji X-Pro1, Olympus OM-D, Nikon D800E, Leica M8.

Rien que du bon me direz-vous alors pourquoi Leica ?

Et bien parce qu’à mon sens, seul Leica sait me procurer une émotion palpable dans l’image, cela ne s’explique peut-être pas mais la parfaite netteté conjuguée à des flous d’arrière plan très esthétiques sont pour moi l’explication la plus rationnelle que je peux avancer pour expliquer ce que je ressens avec les images Leica.

Et cela, je pense que c’est d’abord les objectifs Leica qui confèrent ces résultats. Compacts, très bien construits, ils sont capables de restituer les plus fins détails avec une subtilité et une précision que je trouve incomparables.

Et puis, élément décisif, la compacité du système M. Je ne veux plus me trimbaler 5 kilos de matériels dans un sac énorme et avec un manque notoire de discrétion. Tout cela sans céder à la qualité d’image (plein format de préférence) et avec un système doté d’une véritable visée.

Mais je m’égare, revenons en au sujet à savoir l’évolution du M9 vers un M Monochrome ou un M…

Attention, je trouve que le M9 est vraiment un excellent boitier qui fait de fantastiques images, comme peut toujours l’être le M8 qui donne encore satisfaction à de nombreux photographes…

Le capteur CCD plein format de 18 MP conjugué à l’excellence des optiques Leica fait des merveilles mais les deux nouveautés qui arrivent des usines de Solms amènent forcément une envie et une volonté de posséder un outil encore plus performant au service de l’image.

Les deux boitiers en concurrence sont le M Monochrome, déjà disponible et le M (équivalent du M10) qui commence à arriver sur le marché tout doucement.

 Le M Monochrome :

La différence essentielle d’un point de vue ergonomique est que le Monochrome est construit sur la base du M9-P c’est à dire le même boitier que le M9 mais avec un écran Saphir et un déclenchement plus doux.

D’un point de vue cosmétique, le Monochrome est sans aucune écriture ni pastille frontale, autre caractéristique commune avec le M9-P.

La beauté de ce boitier ne se discute pas pour celui qui aime par dessous tout la discrétion et le concept du M, ce qui est mon cas, il est absolument magnifique !!

D’aucuns diront que cet aspect des choses n’a aucune influence sur le résultat des images. C’est évident mais à 6800 euros, il est facile de comprendre que l’esthétique du matériel n’est pas aussi négligeable que cela.

Le capteur du M Monochrome est un capteur de 18 MP exclusivement Monochrome comme son nom l’indique.

Le but étant d’atteindre des sommets dans la restitution des nuances de gris pour une précision plus grande encore des images en Noir et Blanc.

Il est clair que de ce point de vue, ce boitier, pour qui ne souhaite faire que du Monochrome est au sommet dans la discipline.

Les images ont un velouté, une qualité des textures et un rendu des hautes lumières et ombres qui sont proprement exceptionnelles.

Pour avoir récupéré des fichiers DNG bruts de capteurs, la latitude et les capacités de traitement sont vraiment énormes.

J’ai passé trois heures avec le M Monochrome, vous pourrez en voir les résultats avec une galerie d’images en cliquant sur le lien suivant, Trois heures avec le M Monochrome… 

Autre point non négligeable, la montée en iso, différence notoire avec la série M9, est excellente avec la capacité de faire des images au delà de 3200 isos sans aucun problème. Sachant que pour mon utilisation, 3200 isos est vraiment le maximum de ce que je compte obtenir pour un nouveau boitier.

Le concept du Monochrome est donc très clair, un boitier minimaliste, classique et discret sur la base du M9-P avec un capteur exclusivement dédié au Noir et Blanc disposant d’une montée en haute sensibilité impressionnante.

Le M (typ 240) :

Ce boitier, toujours basé sur le concept du M datant tout de même de 1953, est tout nouveau d’un point de vue ergonomique et caractéristiques techniques.

Il marque l’arrivée de nouveautés technologiques que beaucoup n’envisageaient pas forcément chez Leica à savoir :

– Vidéo full HD.

– Live View avec Focus Peaking.

– Possibilité de mettre un viseur électronique (EVF).

– Grip optionnel avec GPS…

– Mesure Spot et Matricielle.

Ainsi que des améliorations plus conventionnelles mais normales pour un boitier qui sort en 2013 :

– 24 MP avec une montée en isos données comme propre jusqu’à 6400 isos.

– Déclenchement plus discret.

– Ecran 3 pouces 920 000 pixels avec verre Gorilla.

– Nouvelle batterie plus résistante (1500/2000 images environ en mode photo pur).

– Possibilité moyennant une bague d’adaptation de monter des objectifs Leica R.

– Processeur Maestro plus rapide (équipant le système S de la marque).

– Les cadres lumineux rouges.

Je vois tout de suite d’ici les Leicaistes de la première heure crier à la trahison concernant la première partie des ces évolutions.

Il est vrai que cela peut faire penser à une volonté pour Leica de se détourner de son image de photographie minimaliste, basée sur le nécessaire et suffisant au service de la prise de vue.

Je pense que c’est dans ce but que Leica a décidé de maintenir au catalogue le M-E qui est un M9 relooké pour ceux qui souhaitent rester dans un certain esprit Leica.

C’est vraisemblablement pour cela aussi que le M Monochrome est basé sur le boitier du M9 car je me suis posé la question suivante :

Pourquoi Leica sort il un M Monochrome sur la base d’un boitier vieillissant au lieu de différer sa sortie de quelques mois et de l’intégrer dans le boitier du M ?

Et bien il semble bien que Leica pense que l’esprit du M Monochrome sera plus préservé dans le boitier minimalise du M9 que dans celui plus moderne du M.

C’est un choix qui se respecte mais qui se discute aussi, j’y reviendrais plus tard à l’heure du choix…

Cependant, il me semble que Leica se devait aussi d’apporter un certain nombre d’améliorations que même des afficionados de la marque attendaient.

Je pense notamment à l’écran arrière qui sur le M9 est vraiment mauvais. Pas seulement au niveau de la taille mais aussi et surtout au niveau de la définition car il est pour le moins difficile de se faire une idée précise de l’image prise lorsque le besoin s’en fait sentir.

La douceur du déclenchement est vraiment aussi un gros plus car il est onctueux, donnant plus de discrétion c’est vrai mais aussi plus de plaisir encore à déclencher. Vraiment excellent…

La batterie plus endurante est aussi une très nette amélioration à mon sens. Dans mon cas, je ne suis pas sûr qu’une deuxième unité serait nécessaire.

Pour la visée, je suis un amoureux du télémètre, je ne sais donc pas si le viseur électronique aurait une quelconque utilité mais le fait de pouvoir le mettre plus tard peut être considéré comme un avantage, notamment pour des focales difficilement utilisable sur le système M télémétrique.

Concernant le Live-View, en ce qui me concerne, ce n’est pas décisif mais c’est parfois un vrai plus de pouvoir l’utiliser dans certaines conditions difficiles. Sur tous les boitiers que j’ai eu, j’ai toujours utilisé la visée sur écran comme cela, à savoir de façon très occasionnelle car seulement lorsque les conditions ne permettaient pas une prise de vue au viseur.

La vidéo ne m’intéresse absolument pas, je ne développerais donc pas le sujet car je n’ai aucune compétence ni attente dans le domaine.

La mesure Spot ou matricielle, je ne sais quoi trop en penser pour l’instant. La mesure pondérée Centrale du M9 me convenait très bien mais peut être que ces deux mesures supplémentaires s’avèreront utiles sur le terrain dans certaines conditions.

La capacité à monter les optiques R doit être vraiment importantes et bienvenue pour ceux qui disposent de telles optiques, ce n’est pas mon cas donc je ne porterais pas de jugement sur le sujet. Je me vois mal acheter des optiques de cette gamme et pratiquer un tel montage.

La possibilité de monter un grip ne m’intéresse pas non plus de prime abord. Une des raisons du choix de Leica est la compacité du système donc je ne me vois pas affubler le boitier d’un tel dispositif…

Alors et parce que j’en ai eu la possibilité, j’ai fait un test du boitier avec mes optiques (Summicron 50 et Summarit 90).

Les images de ce test se trouvent sur le lien suivant dans l’article intitulé « Leica M, petit test rapide…« .

Concernant la prise en main, pas de souci pour moi, c’est bien un M. Je précise que je l’ai utilisé comme un M9 car je souhaitais avant tout disposer d’images et ne pas utiliser le temps du test à de multiples manipulations chronophages.

Ce que j’ai apprécié :

– La douceur du déclenchement.

– La qualité de l’écran arrière même si il ne remplace pas un écran d’ordinateur.

– La prise en main rapide et instinctive d’un M.

– Le bossage pour le pouce qui confère une très bonne prise en main.

– Les menus simples mais plus complets même si je n’ai pas tout parcouru.

– Les cadres rouges lumineux.

Ce que j’ai moins aimé :

– La couleur de la molette arrière et du pad sur le boitier noir qui dénote.

– Le poids et l’encombrement légèrement supérieurs même si là je chipote.

Ce test a duré 45 minutes environ et je ne prétends pas avoir tout essayé, il est loin d’être exhaustif notamment en ce qui concerne la manipulation du boitier.

J’ai donc récupéré des images sans valeur artistique que j’ai immédiatement déchargé sur mon Mac Mini.

Utilisateur d’Aperture depuis des lustres j’ai apprécié de pouvoir traiter les images en DNG directement sur mon logiciel favori.

J’avais dû travailler les images du M Monochrome sur Lightroom et j’avoue que si je n’ai pas eu spécialement de difficultés, je suis tout de même beaucoup plus à l’aise avec le logiciel d’Apple.

Il s’agissait, après traitement des images dans des conditions habituelles pour moi, de voir si les images du M présentaient une véritable amélioration au regard de ce que sait faire le M9.

J’ai donc, comme à mon habitude, agit en deux temps d’étude. Une première fois pour le traitement et bien évidemment une visualisation initiale sur la base de la découverte et de l’étonnement.

Et puis, les jours suivants, une étude plus minutieuse et posée pour être plus sûr de mon jugement.

Ma crainte, comme beaucoup d’utilisateurs de Leica, était le passage du capteur CCD au CMOS.

Allons nous garder la signature des images Leica ?

Le M serait il toujours un M ?

En ce qui me concerne, après traitement des DNG, je n’ai pas vu de différence notable entre les deux boitiers à ce niveau. J’avais lu l’article et vu les images de Jean Gaumy sur le magazine LFI ou il avait mélangé les clichés des deux boitiers sans que l’on puisse déterminer l’origine du boitier de chacune d’elle. Ma conclusion rejoint cet état de fait, le M n’est pas différent de ses prédécesseurs.

La définition de 24 MP, supérieure aux 18 MP du M9, si elle est perceptible au format A3, n’est visible qu’en y prêtant attention. Au final pourtant, elle est réelle et amène une finesse supérieure par rapport au M9. Simplement, le M9 n’est pas largué sur ce point, loin s’en faut.

Je suis de toute façon dubitatif sur cette notion de définition. Il me semble que depuis les capteurs à 12/14 MP, les progrès réalisés ne sont pas aussi décisifs que cela. En clair, je trouve que depuis ces capteurs, les progrès sont réels mais ne creusent pas un écart à ce point incontournable. Mon Fuji X100 (12 MP) délivre toujours des images impeccables malgré son capteur APS-C.

La balance des blancs est meilleure, indubitablement. Même si ce n’est pas indispensable pour qui fait du DNG, c’est un gain appréciable à mon sens ne serait ce que pour la justesse de la scène en situation.

L’analyse de la lumière m’est apparût plus juste que le M9. Il ne s’agit peut être que d’une impression mais c’est ce que j’ai ressenti à l’utilisation. Il est malgré tout possible que cela soit plus de l’ordre de la sensation que quelque chose de réel car je n’ai pas testé la mesure matricielle et très peu la mesure Spot.

J’ai remarqué que le capteur CMOS semblait mois sensible en ce qui concerne les hautes lumières avec mois de propension à restituer des zones cramées.

Par contre, il est un point sur lequel le M affirme sa supériorité de manière incontestable par rapport au M9, à l’instar du M Monochrome, c’est la qualité d’image en haute sensibilité. A ce niveau, le capteur CMOS permet une montée à 3200 isos en gardant pour l’image non seulement une granulation très fine et esthétique mais aussi une colométrie très juste. Je n’ai pas testé à 6400 isos car je ne pense pas utiliser une telle sensibilité.

Au petit jeu des comparaisons, je dirais que le M sort à 3200 isos ce que le M9 permet à 1000/1250 isos, et là le gain est évident dans certaines situations. Il permet notamment d’utiliser le mode iso-auto sans arrière-pensée.

L’heure du choix :

Alors, M Monochrome ou M, sur quel boitier mon choix se portera t’il ?

La tentation du M Monochrome est grande. Pour moi qui fait 95% de mes images en Noir et blanc, il est évident qu’un capteur de la qualité extrême de celui du Monochrome attise la convoitise. Les fichiers sont magnifiques, très « travaillables » avec une justesse des tons et des nuances qui confèrent à la perfection…

La qualité du boitier, sa discrétion et sa beauté sont autant de critères qui font que je suis très enclin de céder à la tentation.

Malgré tout, le boitier est de la génération précédente, avec un écran indigne d’un matériel de cette gamme et de ce prix.

Et puis, le bénéfice des améliorations arrivées sur le M (écran donc, live-view, batterie, cadres rouges, possibilité de visée électronique…)  ne sont pas intégrés pour un prix 10% supérieur.

Très clairement, si le M Monochrome avait été construit dans un boitier de M, peut-être aurais je eu une hésitation encore plus marquée…

Et donc, malgré un gros coup de coeur pour le M Monochrome, mon choix va se porter sur le M qui me semble plus polyvalent, plus actuel.

Il me permettra de traiter quelques rares sujets en couleur, de bénéficier de ces fameuses améliorations même si toutes ne m’intéressent pas.

La qualité d’image est vraiment au rendez-vous et les fichiers en sortie, qu’ils soient en couleur ou en Noir et blanc, sont véritablement excellents.

Avec le traitement idoine et pour ma part sans gros efforts, je trouve que les images en monochrome du M sont vraiment très proches de celles du M Monochrome, forcément pas exactement du même niveau mais très très proche. La différence existe mais est à mon sens plutôt subtile. En tout état de cause et sans conteste un cran au dessus de ceux du M9, sans comparaison au delà de 1000 isos.

Voilà, après maintes réflexions et hésitations, mon choix est fait. C’est le mien et il peut bien sûr prêter à discussions.

J’en connais qui feraient un autre choix, je le respecte et le comprends car il est évident qu’entre ces deux excellents boitiers, il ne peut y avoir de mauvais choix. Les critères de chacun feront porter le choix vers l’un ou l’autre mais pour ce qui me concerne, je ne me résous pas (encore) à faire le choix exclusif du tout Monochrome dans un boitier minimaliste en 2013. C’est en cela que le M m’a convaincu…

Mais que nous réserve Leica pour la suite ?

Je lis çà et là de nombreuses choses qui peuvent paraître absurdes, notamment sur l’existence future du télémètre, mais dans le domaine de la photographie, nous avons souvent vécu des revirements qui me font être plus que prudent en terme de spéculations.

Et puis, n’est il pas mieux de vivre l’instant présent avec les outils actuels en en profitant pleinement, ce que j’ai bien l’intention de faire avec le M que j’ai commandé…

Bonnes photos à tous.

 

Cliquez sur la première image voir voir la galerie et essayez de savoir si l’image a été faite au Monochrome ou au M240…